Alaric G. Wolf & Billie Rosebury

Parfois, quand Billie s'ennuyait, elle appréciait particulièrement s'asseoir dans l'un des moelleux fauteuils de la salle commune des serdaigles pour ennuyer quelques camarades. Et, les jours où elle ne faisait que s'asseoir avec un livre, elle bougeait tellement et faisait tellement de commentaire que le résultat était le même.
Aujourd'hui, lorsqu'elle avait aperçu Alaric bien installé à côté d'une table, le regard résolument fixé sur un bouquin, elle n'avait pas pu s'empêcher d'aller s'installer en face de lui. Alaric était ce qui se rapprochait le plus d'un ami parmi les serdaigles, pour la jeune fille, qui ne l'accueillait pas toujours avec chaleur. Il râlait souvent et ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre qu'il ne la supportait pas, parfois. Pourtant, il ne manquait jamais de lui ébouriffer les cheveux, de la héler dans le couloir ou de l'embêter. Elle s'était installée en face de lui sans un mot, prenant un des livres de son aîné, par curiosité.Elle avait alors dévoré l'histoire de l'invention du sortilège 'Alohomora' tout le procédé de création. En bref, tout ce qu'il y avait derrière cette simple formule que l'on apprenait souvent dés sa première année à Poudlard, était couché sur le papier de ce manuel. Elle avait parcouru les premiers chapitres à grand renfort de jambes sur l'accoudoir, de tête à l'envers et de fauteuil qui grince.

Au bout d'une quarantaine de minutes, Alaric en avait sûrement eu marre, d'elle ou de ses révisions -à moins que ce ne soit un savant mélange des deux...- et il avait relevé la tête pour finalement adresser la parole à sa cadette. "Dis-moi petite, ça te dis de sortir dehors ? Voilà quatre heures que nous travaillons, enfin surtout moi, si je lis une phrase de plus je vais finir par manger le livre." Billie constata que ses traits étaient tirés et qu'il semblait nerveux, anxieux. Lorsque la tête du jeune homme heurta la table en bois, la serdaigle reposa le livre emprunté sur cette même surface. "T'as l'air totalement H.S. Tu me déçois monsieur-parfait, si t'es seulement capable de rester concentre 4 heures..." Elle leva les yeux au ciel, l'air faussement hautaine et dédaigneuse. Elle aimait se moquer de l'image d'Alaric, toujours consciencieux, qui représentait un peu le mec idéal beau intelligent, de bonne famille... Il était si parfait que la jeune fille trouvait cela risible. Il était même gentil, c'était pour dire... Et le pire, c'est qu'elle l'appréciait, elle aussi, comme 99,9% des serdaigles, pour ne pas parler de l'école en entier. Il aurait presque pu être détestable s'il n'était pas aussi simplement humain, lorsqu'on le connaissait un peu.
Billie n'était pas proche de lui, mais quelque fois, quelle elle regardait bien, elle voyait une faille.

Alors, elle ne se fit pas prier quand monsieur-parfait commença à se plaindre et qu'il proposa une balade. Comme si elle allait dire non alors qu'il proposait de troquer une position assise à un peu d'action...
A peine avait elle repoussé son fauteuil qu'il avait bondi sur ses pieds, et qu'il avait capturé son bras l'entrainant hors du repère des serdaigles. Alors qu'il entrainait la jeune fille dans le château, ils se vannaient mutuellement, riant, et déployant une naissance de complicité certaines. Billie remarqua bien les regards haineux, curieux, qui se posaient sur eux ; mais aujourd'hui elle avait décidé qu'elle n'y prêterait pas attention. Leur relation semblait surprendre, faire parler les gens. Pour quelle raison ? Billie n'en était pas sûre. Peut-être était-ce parce qu'elle était beaucoup plus jeune, ou parce qu'elle était bruyante. Ou bien, peut-être était-ce simplement parce qu'elle était avec monsieur-parfait. D'ailleurs, ce dernier semblait toujours apprécier ces regards, il en riait, même souvent, là où Billie ne ressentait qu'agacement ou indifférence.

Une petite brise de novembre balaya tout cela lorsqu'il posèrent le pied sur la pierre froide et dure et qu'Alaric l'entraîna vers les serres de l'école. C'était souvent un endroit calme où on pouvait se promener tranquillement tout en tombant sur des plantes élevées avec amour par le professeur Londubat.
Le jeune homme se laissa tomber sur un banc un peu en retrait, protégé par les fleurs géantes de la serre No. 03. Billie se laissa tomber à côté de lui, posant l'un de ses pieds sur le bois vieilli à la peinture écaillée. Ils étaient entourés de plantes bizarroïdes en tous genres, les préférées du professeur de botanique. Billie avait lu, il y avait longtemps, dans une version corrigée et expansée des évènements des dernières années, dans "L'histoire de Poudlard" qu'avant que Neville Londubat ne soit professeur de botanique, les serres regorgeaient de plantes plus.. Communes. Le professeur Chourave, toujours selon le livre, avait d'ores et déjà un faible pour les plantes peu attractives bien que très utiles, comme la mandragore, mais Neville avait continué de diversifier la flore du parc de Poudlard avec diverses plantes.

Derrière Alaric, on pouvait d'ailleurs apercevoir un drôle de cactus grisâtre recouvert de pustules remplies d'un liquide non identifié. Beaucoup trop curieuse, Billie se pencha par dessus le garçon, frôlant son torse de son épaule pour observer l'étrange spécimen de plus près. "Londubat a vraiment des goûts bizarre parfois... Ce truc est trop moche, tu sais ce que c'e..."

Elle n'avait pas eu le temps de finir sa phrase, que le fameux liquide les éclaboussa. Sa main était entrée en contact avec la plante et celle-ci avait relâché le jus qu'elle contenait : de l'empestine. A présent, ils étaient tout les deux tâchés, et d'ici quelques secondes une odeur nauséabonde ne tarderait pas à monter jusqu'à leurs narines. "J'ai eu ma réponse" Rire nerveux "Ce doit être un mimbulus mimbletonia vu l'odeur qu'on dégage". Elle laissa un rire cristallin passer la barrière de ses lèvres, absolument pas gênée d'avoir complétement taché la robe de sorcier d'Alaric et ses vêtements. Elle était seulement curieuse, à présent, d'observer ce cactus miteux de plus prêt. A moitié à quatre pâtes sur le banc, écrasant presque son camarade elle observait l'étrange à quelques centimètres seulement. "Tu sais à quoi elle sert cette plante ? J'veux dire, à part se défendre en aspergeant ses agresseurs..."