Le dédale des couleurs était paisible à 18h30, noyé à la lumière dorée de la fin de la journée ; elles étaient chaudes et ondoyantes au printemps, et il y moirait les murs au travers du remplage ciselé des hautes fenêtres. Son crâne était douloureux, ses pensées semblables à un tissage frêle et arachnéen que la violence de la lumière suffisait à le briser; la stridence d’un rire; un simple mouvement trop brusque, en vérité, pour s’en parer, le jeune sorcier s’était réfugié à la bibliothèque. A la manière des reptiles ondulants entre les ombres, Alaric s’insinue derrière les pierres usées de la bibliothèque d’un pas feutré, si léger qu’on le soupçonnerait de pas seulement effleurer le sol.

Il prit place à sa table habituelle, une petite table unique présent au fond de l’immense pièce baignait de lumière. Les cheveux ébouriffés, malmenant l’extrémité de son pouce entre ses dents, ses yeux parcourant méthodiquement l’un des manuels étalés devant lui. Sa plume demeurant en suspens, surplombant un devoir d’Alchimie plutôt bien entamé. Promptement, il fit tourner les pages de son livre par de gestes lents inchangés par sa baguette.
La semaine avait été des plus épouvantables. Sûrement la pire de son existence. Alaric était épuisé. Mais pas d’une fatigue physique, non, d’une fatigue psychologique ce qui rendait la chose encore pire. La tête entre ses mains, il soupira encore une fois, las des derniers événements. Il se redressa légèrement, gardant ses mains sur les joues supportant ainsi sa tête et balaya du regard la bibliothèque quasiment vide. Exceptionnellement le jeune Serdaigle n’avait pas le coeur à l’ouvrage. Il n’avait le coeur à rien faire. A vrai dire, la seule chose à laquelle il songeait c’était cette splendide chevelure blonde qu’il avait aperçu plus tôt dans la journée.

D’un geste machinal, il frotta ses yeux, soupire une nouvelle fois, s’étira. Habitué à de longues sessions de travail, Alaric ne savait ordinairement pas s’arrêtait, il travaillait sans relâche, son écriture rythmé par ses bâillements dû à son insomnie de la nuit dernière. Ignorant dans sa concentration l’heure qui passait et les étudiants qui abandonnaient peu à peu la bibliothèque, la livrant au silence et à une certaine solitude qui n’était pas pour déplaire au sorcier.  Au bout d’un moment, il réveilla un peu la salle engourdie en s’agitant, remuant un ou deux des livres échoués sur sa table de travail, une moue contrarié se dessinant sur son visage épuisé. Il ne trouvait pas se qu’il cherchait pour poursuivre son devoir d’Alchimie. Il boucha son flacon d’encre, glissa son parchemin et matériel dans sa mallette, s’enfonça dans les rayons pour y ranger ses livres et en chercher de nouveaux.

Un travail qui lui prit du temps puisque pour s’assurer de ses choix il feuilleta chaque livre, glissant des bouts de parchemins déchirés entre les pages où il trouvait des textes intéressants, les semants sur le sol des allées désertes pour être certain de les retrouver lorsqu’il regagnerait sa table. Une idée intéressante qui fonctionna à merveille puisqu’il n’eut plus qu’à suivre la piste d’ouvrages à la façon (d’une histoire pour enfant de moldu qu’il avait trouvait par hasard un matin dans les jardins de l’école) du « le petit poucet » pour retrouver sa table.  Seulement voilà. Il s’était sans doute absenté plus longtemps qu'il ne l’avait imaginé, perdu dans la lecture d’un libre qu’il n’avait pas pu abandonner comme les autres avant d’en dévorer le contenu, au détour d’une étagère, la place était prise. Sa place avait était prise.