« T'es toujours en train de me demander de te faire confiance mais tu ne me donnes jamais rien qui puisses me permettre de le faire ! Tu dis que tu m'aimes, mais chaque fois que tu me dis ça, au lieu d'être heureux tout ce que je ressens c'est une profonde colère parce que si tu ne me fais pas assez confiance toi-même pour me dire ce que tu fabriques avec lui, si je suis pas assez digne à tes yeux pour porter tes secrets avec toi, alors je vois vraiment pas comment tu peux prétendre à m'aimer et encore moins à quoi ça rime qu'on reste ensemble toi et moi !»
Un cœur se serre. Ses lèvres se pincent.
Adossée à la rampe, face au tableau de la grosse Dame, elle n'a de pensées que pour cette scène déchirante les ayant séparés, que pour ces questions se soulevant toujours et qu'elle chasse d'un revers de la main. Pourquoi n'avait-elle rien dit ? La réponse lui apparaît, aussi évidente que puérile. Elle l'aimait. Égoïstement, elle avait aimé cet homme bien trop fort pour leur imposer à tout deux les conditions ridicules d'une famille retrouvée et le poids de ses maux qu'elle traînait depuis lors. Ainsi donc, qu'aurait-elle dû lui dire ? Tout ? De son meilleur ami qu'un monstre avait changé en lycanthrope, de ce serment inviolable formé avec les Rowle et qui leur interdirait toujours un avenir au-delà de Poudlard ? Du fiancé qu'on lui avait déjà choisi et qu'il côtoyait lui-même au sein des Gryffondor ? De sa propre ambition démesurée à se croire capable de tout résoudre seule ? Le résultat de l'équation aurait sans doute été le même. Elle n'aurait au fond été qu'une plaie pour lui. Mieux valait encore se réjouir de ces quelques courtes années de bonheur ensemble plutôt que de tenter de reformuler une histoire que sa propre condition avait condamné à l'échec avant même qu'elle n'ai commencé. Regard à sa montre. Il ne devrait plus tarder désormais et comme à leur habitude, la ronde des référents se fera dans un silence entrecoupé de quelques banalités affligeante. Triste sort que de constater comment une simple dispute peut du jour au lendemain séparer deux êtres qui avançaient pourtant main dans la main depuis toujours.
«Je peux le prétendre parce que moi je n'ai pas besoin de tout connaître de toi et de chacun de tes faits et gestes pour te faire confiance et pourtant, c'est pas les occasions qui me manquerait de venir te sauter à la gorge chaque fois qu'une midinette vient minauder auprès de toi! Tout ce que je te demandais c'était de croire en moi et tu me parles de rompre !? Au grand jeu duquel aime le moins bien l'autre, je crois que tu viens de gagner la palme Finn Reimers, mais soit, vas-y, baisse les bras. Largue moi puisque je ne suis apparemment plus capable de te rendre heureux ! »
Éclat de colère, reste d'un vieux sentiment déterré du passé.
Elle aurait aimé manquer simplement de compréhension à l'époque, mais ce qui lui manquait avant tout n'était que de la bonne foi. A sa place, sans aucun doute aurait-elle réagit de la même façon. Les torts que son petit ami lui avait cent fois reprochés, elle était parfaitement à même de les comprendre sans avoir jamais pris le temps de les corriger. Alors, elle s'était offusquée. Alors, elle avait rugit aussi fort que lui pour son droit à un jardin secret qui n'excluait en rien l'affection qu'elle lui portait. Insuffisant. Argument non valide. Elle savait bien elle-même en formulant ses cris que ces derniers n'avait aucune légitimité face au conflit les opposant. Déjà dix minutes, il n'est toujours pas là. Il n'est pourtant pas le genre d'homme à être en retard d'habitude. Soupir, tant pis, elle entamera donc sa ronde sans lui.
« Non tu ne l'est plus. Mais moi, au moins, j'ai le courage de le reconnaître. »
Ses pas résonnent dans les couloirs. Pas l'ombre d'un élève à l'horizon.
Sur son passage, quelques figures des tableaux environnant se penchent ou font un signe pour la saluer qu'elle rend mollement, l'esprit ailleurs. Elle s'arrête, net. Samedi. Nous sommes un samedi aujourd'hui. Détalant à travers les escaliers, la rouge et or dévale et cours à travers marches et couloirs jusqu'à s'en venir gagner l'ancienne salle des archives de la bibliothèque. Sorte d'instinct innommable, Finn Reimers n'est pas le genre d'homme à être retard lors de ses rondes. A moins qu'il ne se soit endormi là où se retrouvait encore ce matin le comité de recherche de son jeune frère. Son visage posé dans ses bras, elle s'en vient reprendre délicatement du bout de ses doigts inanimés la photo de Layton riant en uniforme au milieu de ses amis dans le parc de Poudlard, la reposant sur le bord de la table avant que de passer sa main contre la nuque du Gryffondor.
« Finn ? » Pas de réponse, ses doigts l'effleurant tendrement.
« Finn, s'il te plaît, réveille-toi. »Sursaut de sa part.
Que la confrontation commence.