| Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel | |
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| Sujet: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Dim 5 Juin - 23:52 | |
« Lui seul peut décider qu'on se parle d'amour ou d'amitié » ϟ Statut de sang : sang-pur ϟ Communauté : Comité de Recherche ϟ Situation amoureuse : Fiancée à Garrett FitzAlan mais le coeur libre comme l'air ! ϟ Vox : Marvis Quebert, l'auror qui a bouleversé sa vie. ϟ Année : L2 - Médicomagie |
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Pour arriver à toi Garrett FitzAlan & Jezabel Olsen Qu'il est triste ce temps. Il pleure, las, à chaudes larmes la belle saison qui déjà s'en va. L'été de cette année fut froid. L'hiver qui s'en pressent n'en sera que plus dure. Peu importe, il y a là autour d'elle bien assez de murs, de pierres et de chaud pour que cela ne parvienne à l'atteindre. Plus une enfant, elle n'est pas tout à fait femme encore celle qui plongé dans sa lecture arbore tous les traits d'une adolescence bien dessinée. Seize années qui bientôt s'en feront une de plus. De pas en pas, l'enfance s'efface, progressive, par petites touches. Elle a pourtant dans la tête tous les rêves auxquels aspirent les plus grands qui parfois, hélas, sont contraints de s'en défaire. Il y a là, en ses songes, le dessein d'un avenir brillant dans lequel ses mains seules soigneront tous les maux du monde. La médicomagie s'est imposée sans qu'elle n'ai jamais vraiment prit la peine de se demander pourquoi. C'est ce qu'elle veut être, ce qu'elle veut devenir. Il n'y a pas à avoir de véritables raisons pour cela. C'est ainsi, voilà tout. Pour l'heure, ses vieux grimoires à l'odeur poussiéreuse et ses multiples manuels ont gardé place dans leur malle. Elle leur préfère une lecture bien étrange pour le commun des sorciers de cette école. Une histoire d'il y six siècles, une tragédie emportant sur son passage tous les protagonistes du livre. La naissance de l'imprimerie s'efface au profit des morts successives, des complots passionnés. Un amour malsain fait ainsi du pieux un assassin, du chevalier en armure un lâche aux mœurs légères. Au milieu de tout cela, l'homme et le monstre se confondent. Tous ces cœurs pour une même femme trop naïve subissant la tourmente qu'elle a provoqué malgré elle et tout cela se finit dans le sang. Dans l'amer. Cette histoire n'a rien de drôle et se dévore malgré tout. Met à jour le pire et le meilleur des Hommes. A la fin, ils crèvent tous. Non, cela n'a rien de drôle, pas plus que ne l'est cette pluie diluvienne frappant le verre des fenêtres d'une bibliothèque vide de monde. La pluie en ces terres n'empêchent pas les plus téméraires de braver les éléments pour s'adonner au vol. Elle n'empêche pas non plus les autres de se retrouver dans la Grande Salle ou dans les salles communes pour s'y épancher sur leurs souvenirs de vacances. Un brin d'honnêteté envers elle-même et la rouge et or, sans aucun doute, pourrait avouer toute son amertume à propos de ses propres souvenirs. Des moments trop courts passés avec son père, sacrifiés au profit des volontés d'une famille biologique qui n'a en vérité de famille que le nom. Elle a beau savoir désormais qu'ils sont ses géniteurs, à leur vue, elle ne se trouve avec eux aucun trait physique en commun. Faut-il seulement parler des divergences de morale ? A quoi bon ces manières, ce levé du petit doigt pour porter une tasse à ses lèvres ? Un peu de recul et peut-être comprendraient-ils enfin leur chance d'avoir au moins de quoi manger à leur faim trois fois par jour. Apprend Jezabel. Apprend à courber le dos, à baisser les yeux devant plus puissant que toi. Ceux-là appellent ça le respect sans savoir qu'un tel comportement lui donne le sentiment de ne pas se respecter elle-même. Dos courbé, regard au sol, comment ferait-elle pour courir en cas de nécessité ? Mais de nécessité il n'y a plus depuis bien longtemps. La rue s'est effacée au profit d'une cage dorée. Se balance au bout d'une corde la belle Esmeralda. Injuste. Cette fille-là n'était qu'amoureuse, naïve. Elle subit le coup du sort et voit son propre souffle s'éteindre que d'être née trop belle. Retour aux premiers chapitres, à ceux où la bohémienne danse sur le parvis de la cathédrale. Si différentes, elle s'en sent proche néanmoins. Elle danse. Encore et encore. Danse pour gagner sa vie car cette femme-là connaît la faim. Comment seulement lui en vouloir d'avoir succombé aux beautés factices d'un bellâtre en armure. Ceux qui savent la misère ne peuvent qu'apprécier ce qui brille. Elle même autrefois a envié les poupées dans les mains des filles de son âge, les enfants regagnant la porte de grandes maisons aux murs d'un blanc immaculé. Esmeralda est pure, elle n'envie rien. Elle vit. Elle danse. Elle aime. Elle se voudrait comme cette malheureuse héroïne, mais il faut s'en revenir là où ses yeux se sont arrêtés de lire. A l'endroit même où la danseuse des rues de Paris ne vit plus. Ne danse plus et n'aimeras plus jamais.
Injuste. Ses mains referment violemment ce roman dont elle connaît déjà la fin. Espérait-elle seulement que la magie s'en viendrait d'elle seule transformer les mots depuis sa dernière lecture pour offrir à la bohémienne une fin heureuse ? Elle n'a pas la naïveté de cette héroïne. Son sort est injuste, comme l'est la vie. Du réel sur papier qui ne laisse pas de place à l'optimisme ou à la rêverie. Ça, c'est la vie. Telle qu'elle est vraiment. « Lorsque tu seras majeure, il sera temps de penser plus amplement à ton avenir après l'école. » Aucune illusion, elle sait ce qu'attendent ces gens-là. Sans doute ont-ils déjà fait le tri dans les noms leur paraissant les plus avantageux pour elle. Courbe le dos, baisse le regard. Elle n'aura pas son mot à dire dans cet échange. Elle a déjà accepté, il y a plusieurs années, de se taire devant ces décisions. Le prix en valait la peine, c'était là le plus important. Une pensée encore pour son père. Oui, il faut vraiment que le jeu en vaille la chandelle pour accepter cela. Elle a bien fait. Tout est son contrôle, quand bien même ce ne serait pas sous le sien. Pique. La pluie redouble au dehors, la déconcentre. Elle n'a plus rien à faire ici.
Dans cette purée de pois qu'est devenu le ciel, London a certainement fini par troquer son uniforme de l'équipe Gryffondor pour des vêtements secs. Oui, avec cette pluie qui tombe au dehors, il doit forcément être rentré maintenant. Son sac est plein, si lourd qu'il lui semble peser son propre poids. Le roman n'y trouve plus de place pour se loger, mieux vaux dès lors le garder à la main et sortir. Rejoindre un visage ami. Ses pas la guident hors de la bibliothèque, hors du temps maussade faisant un bruit du Diable. Ses pensées sont restées à Paris. A cette femme dotée des plus belles grâces vivant, dansant, aimant. Qui ne vit plus. Ne danse plus. N'aimera plus. Ça la rend folle de rage sans aucune raison valable. Ça grignote sa bonne humeur, son calme. Pourquoi cette fichue bohémienne n'a-t-elle pas prit la fuite dès lors que ce chacal en armure s'est approché d'elle ? Pourquoi fallait-il qu'elle s'en vienne danser sous le nez d'un prêtre tout le jour ? Idiote. Idiote. Idiote !
Impact.
Elle n'a rien vu venir et peste avant même que d'avoir levé le nez vers l'obstacle ayant fait se renverser le contenu de son sac sur le sol.
« Bordel, tu peux pas regarder où tu vas !? »
Toute son attention portée sur ses manuels fourrés en vrac à présent, elle en oubli l'objet de sa rage resté aux pieds de l'inconnu. Peu importe. Ici, personne ne peut connaître pareil bouquin. Étudier les moldus a ses limites, même pour les plus efficaces en la matière. Ses yeux pourtant finissent et se relèvent, envoient au cerveau une image qui lui coupe le souffle. Ce mec-là, elle n'avait aucune envie de tomber dessus. Elle le croise depuis bientôt six ans pourtant, ils sont issus de la même maison, mais les deux lions jamais ne s'étaient vraiment confronté avant le commencement de la belle saison. Avant l'étalage des fastes de ces familles dites pures, se regroupant toujours avec les uns de par leur trop grande crainte des autres. FitzAlan. Ouai, elle connaissait bien ce nom. Deux des fils de cette famille étaient scolarisés à Poudlard, le cadet l'ayant suivi sous la bannière du Gryffon lors de leur première année. Formidable, elle devrait les aimer alors ! Le premier, oui, il faut bien l'admettre. Rien ne puis assurer qu'elle l'aurait tant apprécié s'il n'avait pas été le meilleur ami du sien. L'aurait-elle même seulement connu comme elle le connait ? Elle lui en a voulu pourtant parfois, au Serpentard, pour cette étincelle de bonne humeur illuminant le regard de London lors de leurs entrevues. Un brin possessive, il est son ami. Rien qu'à elle. William le lui vole sans arrêt, elle laisse faire. Après tout, William la fait souvent sourire elle aussi. Ce dernier se moque d'elle en mimant des baisers avec London, lui ébouriffe toujours les cheveux lorsqu'ils se retrouvent dans le hall pour le petit déjeuner. Oui, le premier est son ami. Pas le meilleur. Juste son ami. Elle y tient. L'apprécie. Le second ? Une ombre. Une tâche dans l'assemblée bruyante des Gryffondor. Indifférence totale, elle se moque bien de savoir qui il est, mais ce dernier maintenant sait comme beaucoup d'autres que la petite née-moldue au passé de sauvageonne est en vérité l'enfant « chérie » d'une noble famille. Quel beau coup du sort. On croirait lire dans son histoire les lignes d'une fin heureuse. Mais la réalité n'est pas la fiction. Elle, se trouve être bien plus dure, bien moins drôle. Injuste, mais il ne la regarde même pas, trop occupé à contempler fixement la couverture froissée du livre de poche. Notre-Dame de Paris. Elle se prépare à lui expliquer que ce n'est pas un traité sur l'architecture française. Se pare à l'éventualité d'un échange bref, à peine poli, qui se terminera aussi vite qu'il aura commencé. Au mieux se rappellera-t-il d'elle comme de l'amie de son frère. Qu'importe.
Elle ne retient rien des propres leçons qu'elle se donne. La vie n'est jamais comme on l'imagine. Elle remue sans cesse des choses dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence et transforme parfois l'inconnu d'aujourd'hui en l'ami de demain.
©Aloysia
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Mer 8 Juin - 0:42 | |
They say that they don't see what you see in me ϟ Statut de sang : Pur ϟ Communauté : Neutre ϟ Situation amoureuse : Fiancé à Jezabel Olsen, bien malgré lui ϟ Vox : William FitzAlan, son frère ϟ Année : IIe année - recherche en magie expérimentale |
| Je ne suis pas sûr que ce que je fais soit très autorisé. Mais tant pis. Je peux m'accorder le bénéfice du doute, au moins. Si je me fais engueuler, je dirai que je ne savais pas. En plus, le nom n'est pas très équivoque. Le Lac Noir. Bon. Ce n'est pas comme la Forêt Interdite, là au moins le doute est vite dissipé. Mais Lac Noir. Pas moyen de savoir. Du coup j'ai décidé que j'avais le droit de venir piquer une tête. Je n'ai pas forcément choisi mon jour, vu le temps. Mais au moins je suis à près certain de ne croiser personne, sous une pluie pareille. Je nage sur le dos. Sous l'eau. Et je regarde les goûtes s'écraser sur la surface. Les ondes se propagent au dessus de ma tête en cercles réguliers, sans le moindre bruit. L'eau est trouble, mais je distingue quand même les ondulations, les milliers de petites goûtes qui tombent, qui secouent la surface, qui s'écartent et qui grossissent en des milliers de micro-vagues immédiatement effacées par des millions d'autres. C'est assez hypnotisant. C'est infini, doux, calme et régulier. Presque sécurisant. Je passerais bien ma vie entière ici, si je n'avais pas besoin de respirer. Or, je peux difficilement m'en passer plus de quelques minutes. Il paraît que c'est déjà énorme, pour un humain normalement constitué. Mais bon, je crois qu'on a déjà prouvé que je n'étais pas tout à fait normalement constitué. Enfin, en tout cas, et c'est bien dommage, je ne suis pas assez anormal pour pouvoir me passer d'oxygène.
D'un puissant mouvement coordonné des bras et des jambes, j'incline mon corps à la verticale et je me hisse jusqu'à l'extérieur pour reprendre ma respiration. Le fracas de la pluie sur le lac m'emplit les oreilles sitôt la surface crevée, tandis que l'air si indispensable s'engouffre dans mes poumons. Un peu précipitamment, sans que je le note vraiment. J'ai encore joué avec le feu – l'expression n'est peut-être pas la plus judicieuse, vous me direz –, je crois. C'était moins une, peut-être. Le sang bat à mes tempes, je sens distinctement mon pouls passer dans ma jugulaire avec force, mon cœur cogner contre ma cage thoracique en retrouvant un peu de sa vigueur. Il en avait perdue. Manque d'oxygène pendant trop longtemps. Mais je suis encore là. Je respire, je me maintiens à la surface en battant des jambes. Toujours vivant. Encore quelques secondes de stagnation histoire de dissiper les tâches noires qui dansent devant mes yeux, et je repère la berge pour y nager énergiquement. J'y suis en moins d'une minute.
Il fait déjà presque nuit ; l'heure est pas mal avancée, ceci étant. J'ai sans doute loupé le repas. Personne ne s'en formalisera. Au pire, je ferai un tour dans les cuisines si mon estomac se manifeste. Il n'y manquera sûrement pas, après les quelques heures de sport que je viens de m'accorder. Le devoir d'Histoire de la magie de demain ? Boarf, je ne savais pas que ces cours avaient une autre utilité que leur effet sédatif impressionnant. Pourtant il faudrait que je m'en inquiète. Je ne peux clairement pas me baser sur mes acquis pour me permettre de glander. Et jai les ASPICs à la fin de l'année. Il faudrait. Si vous le dites.
Vingt petites minutes plus tard, les cheveux encore dégoulinants et en parfait désordre sur ma tête, j'arpente les couloirs du second étage, les yeux rivés sur le mur à la recherche du passage secret qui me permettra de rejoindre les cuisines sans passer par le chemin traditionnel. Je n'ai pas envie de me faire pincer et de recevoir une énième beuglante de mes parents. Ca ira, merci. Je suis revenu vivant de deux mois passés chez eux, et c'est plus de torture pour ces vacances d'été qu'il n'en faudrait dans une vie entière. Surtout que je n'avais encore pas d'assez bons résultats aux yeux de mon père alors vous voudrez bien croire que j- hurm. Intelligent, de marcher dans le couloir en regardant le mur, vous me direz. Elle n'a pas tort de m'engueuler, je suppose. C'est la première pensée qui me vient ; ensuite je note que j'ai un peu mal au bras et que je ne l'ai pas loupée en la bousculant. L'intégralité de son sac est étalée par terre et elle a même lâché ce qu'elle avait dans les mains. Tant pis pour elle, elle n'avait qu'à regarder aussi où elle marchait. Sans même lui jeter un œil, je m'apprête à la contourner pour poursuivre ma route, pressé de trouver de quoi me remplir l'estomac et guère décidé à jouer les âmes charitables en l'aidant à ramasser tout son bordel. C'est à ce moment que j'aperçois les premiers caractères du titre du bouquin qu'elle avait sûrement entre les mains quand on s'est percutés. Notre Dame d. Je fronce les sourcils, quasiment certain d'avoir deviné la suite et surpris de tomber sur un tel ouvrage ici à Poudlard. Sans prendre la peine de répondre à l'exclamation de la jeune femme, ni faire même semblant d'avoir tenu compte de sa présence, je m'accroupis pour lisser du plat de la main la couverture du livre, et lis cette fois sans doute possible l'intitulé du plus célèbre roman de Victor Hugo. Mon estomac se tord douloureusement, et alors seulement j'ose relever la tête vers celle qui se tient toujours debout devant moi. Je sais déjà que je ne trouverai pas le visage que j'espère. Pourtant son nom tambourine avec force à l'intérieur de mon crâne. Juliet. Juliet. Juliet. Juliet. Ca fait plus d'un an que je ne l'ai pas vue. Alors pourquoi je pense encore autant à elle que quand j'en avais encore le droit ? Autant que quand j'avais pas encore tout bousillé ?
La fille qui me contemple de toute sa hauteur est brune. Je n'ai même pas le loisir de croire un peu en mon fantasme. Un peu las, résigné, j'entreprends de renvoyer la moldue dans le tiroir de ma mémoire dont elle vient de s'extraire, et je reconnais alors enfin Jezabel Rowle. Une amie d'un ami de William, je crois. Une autre. Qu'est-ce que ça peut bien me foutre. On s'est croisés plusieurs fois aux réunions mondaines auxquelles il est de bon goût de participer quand on appartient à la haute société. Il paraît que c'est mon cas. Je n'y suis pas par choix, vous vous en doutez. Le vilain petit canard, c'est moi. Le Quasimodo de la bande. Pitié, c'est ridicule. Son histoire à elle n'est pas toute rose non plus, il faut dire. Le plus beau cygne de la portée. La Esmeralda ? Beaucoup moins parfaite qu'il n'y paraît. La fille adorée retrouvée qui a semblé plus prompte à se pendre qu'à se reconnaître la descendante des ignobles bourgeois insupportables qui lui servent de famille. Ils sont encore pire que la mienne. C'est pour dire. Je ne lui ai jamais adressé la parole. Pour quoi faire ? Je ne saisis pas trop ce que ça nous aurait apporté, à elle comme à moi. Ca n'a pas vraiment changé, ça ne nous apporterait rien aujourd'hui non plus. Pourtant, sans trop savoir pourquoi, je marmonne, plus à son attention qu'à la mienne, bien que mon ton morne et un peu étouffé puisse semer le doute : « J'ai pas aimé ce bouquin. » Je l'ai détesté, je l'ai haï de tout mon être et de toutes mes forces. Je l'ai lu quatre fois. De la première page à la dernière. Sans oublier un mot. Quatre fois. « Hugo est un putain de sadique. Faut être dérangé pour avoir envie d'écrire une histoire pareille. » Encore plus pour avoir envie de la lire, je suppose. Et de la relire. Puis relire. Puis relire.
Je me redresse, les mains vides. Le livre est resté par terre, ainsi que tout le reste des affaires de la demoiselle. « Pourquoi tu t'infliges ça ? » J'ai demandé ça sans avoir l'air franchement intéressé ; ce n'est pas une question lanceuse de conversation, banale et toute trouvée. Je la toise plus que je ne l'observe, me demandant soudain ce qu'une fille comme elle peut bien faire avec un roman moldu dans les mains. Enfin, à ses pieds, en l'occurrence. C'était dit avec une sorte de dédain ; le déguisement que prend, une fois encore, la douleur étouffée des souvenirs que ce livre ramène. |
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Mer 8 Juin - 21:27 | |
« Lui seul peut décider qu'on se parle d'amour ou d'amitié » ϟ Statut de sang : sang-pur ϟ Communauté : Comité de Recherche ϟ Situation amoureuse : Fiancée à Garrett FitzAlan mais le coeur libre comme l'air ! ϟ Vox : Marvis Quebert, l'auror qui a bouleversé sa vie. ϟ Année : L2 - Médicomagie |
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Pour arriver à toi Garrett FitzAlan & Jezabel Olsen Humeur assassine, la sauvageonne boue en elle et ne demande qu'à se risquer d'intervenir. Se concentrer sur l'empaquetage de tous ses biens étalés sur le sol comme seul frein au tourbillon d'injures lui flottant dans la tête, ses gestes se désordonnent, sa mine se fronce. Selon toute logique, ses rapports envers le frère aîné de ce garçon auraient dû la pousser à l'apprécier du plus profond de son cœur. Principe social. William est un chic type, personne en cette école ne saurait le nier, pour autant, quoi qu'on veuille bien en dire, être de la même famille ne signifie pas toujours être fait de la même trempe et cela, la Olsen n'a que pu bien le remarquer au fil des années passées auprès du plus jeune des FitzAlan dans la maison des rouge et or. Pour autant ce dernier se démarque, fait entendre sa voix en l'état de quelques mots la prenant de court. Pas aimé ce bouquin ? Elle redresse la tête, le fixant avec autant de méfiance que de stupeur, comme s'attendant à tout moment à entendre qu'il ne s'agissait là d'une mauvaise farce. Pour autant, le fils du Gryffon ne s'arrête pas là, mettant l'un après l'autre des mots bien amers sur le ressenti qui la prenait elle-même au corps quelques instants plus tôt. Impossible à l'entendre de douter de la lecture du jeune homme. Pourtant, ce dernier est un bon fils de sang-pur comme l'on en fait plus. Comment a-t-il seulement pu mettre un jour le nez dans pareil ouvrage ? La question se pose silencieusement en sa tête sans trouver de réponse. Déjà, le jeune homme se redresse, laissant au sol l'objet de sa propre rancoeur. Elle soupire. Cela lui aurait tué le dos de bien vouloir se donner la peine de le ramasser !? S'affairant elle-même à cette tâche, elle n'aura pas ainsi à devoir le remercier de quoi que ce soit.
« Dérangé ou simplement réaliste. Si ton truc c'est les contes pour enfants t'as qu'à t'en tenir aux récits de Beedle le Barde. »
Cassante. Brutale sans avoir vraiment voulu l'être. Un brin d'honnêteté et elle se serait volontiers penchée sur la similitude de leurs deux avis concernant la question. Le contenu du roman aura néanmoins suffisamment affecté son humeur pour ne pas lui donner l'envie de tergiverser sur la cruauté de ce monde et sur la naïveté d'une bohémienne dont le seul crime est d'être mal née, trop naïve, l'esprit plein de rêve et le cœur ouvert à la première romance que la vie voudrait bien mettre sur sa route. Époussetant son bien, elle sent sur elle un regard qui ne l'invite guère à la cordialité. Un regard qui toise, qui juge. Il y a derrière ces yeux-là bien plus d'idées arrêtées que ne veulent bien le dire sa propre bouche. De cela né l'intérêt. D'une simple question qui n'a pourtant rien de celles que l'on pose dans l'idée d'engager quelque chose. Pourquoi tu t'infliges ça ? Une simple question, elle la reçoit comme une gifle en plein visage. Après tout, ce livre aurait pu être n'importe quelle belle histoire. Il aurait pu être un traité sur la médecine magique et ses innovations récentes. Un manuel d'histoire. Un conte pour enfant. De tous les ouvrages en sa possession, c'est pourtant bien celui-ci qu'elle s'est choisi aujourd'hui. Y a-t-il seulement une véritable réponse à cette question ? Sans doute pas, mais cette dernière, a elle seule, a suffit à faire naître l'intérêt. L'envie. Il y a quelque chose de presque malsain dans ce besoin qu'elle a désormais de justifier un simple choix de roman à un type à qui elle n'avait jusque lors jamais adressé la parole. Il parvient cependant à la tirer d'un mutisme auquel elle avait cru pouvoir se tenir jusque lors, lui arrachant sans le vouloir une confession qu'elle-même ne s'autorisait pas à formuler quelques instants plus tôt.
« Parce que ça remet les pieds sur terre. Ce bouquin, ça te rappelle que dans la vie tout le monde mange pas à sa faim et que même les gens qui se prétendent biens sous tout rapports et qui brillent en société peuvent être des pourritures infinies. Ça te rappelle que ce sont ceux qui ont le plus de pouvoir qui font souvent le plus de mal. Ça te rappelle que les apparences sont futiles, que c'est souvent le type que tout le monde fuis parce qu'il est pas assez beau ou pas assez intelligent qui a au final le plus de cœur. Tu crois que je m'inflige quelque chose en lisant ce bouquin ? Si tu l'as aussi bien lu que tu le prétends et que tu crois encore que ce bouquin est une plaie, c'est que t'as rien compris à son contenu. Hugo est pas un sadique, juste un bon professeur de vie. »
Reprise de souffle. Comment ce type a-t-il fait pour lui faire sortir autant de grands mots d'une seule traite ? S'il était là, pour sûr que William se foutrait de sa gueule de s'être aussi facilement enflammée. Elle n'en reste pas moins campée sur ses positions. Oui, ce bouquin la rend dingue tant il semble être fait pour plomber le moral de ses lecteurs. Oui, elle en a été malade de lire le dénouement. Pourtant, la voici désormais qui prend sa défense comme s'il s'était agit là d'une attaque personnelle à son encontre. Elle ne doit décidément pas tourner rond aujourd'hui. L'instant d'avant, elle était confortablement assise à lire dans une bibliothèque vide et à présent, la voici presque en train d'aboyer sur ce type à l'air mesquin. Peu importe. Son Serpentard de frère aura bien tout le loisir de transformer cette édifiante discussion en un sujet d'amusement lorsqu'il finira par l'apprendre. A la seule pensée de celui-ci, la fille du Gryffon s'en devient plus docile. Plus compréhensive. Ça la prend comme une envie de pisser au fond, elle n'avait aucune envie de s'étendre et de parler littérature au milieu d'un couloir avec quiconque. La question lui déborde pourtant des lèvres d'un ton bien plus compatissant.
« Mais c'est pas simplement parce qu'ils crèvent tous à la fin que t'as pas aimé, je me trompe ? »
©Aloysia
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Jeu 9 Juin - 0:56 | |
They say that they don't see what you see in me ϟ Statut de sang : Pur ϟ Communauté : Neutre ϟ Situation amoureuse : Fiancé à Jezabel Olsen, bien malgré lui ϟ Vox : William FitzAlan, son frère ϟ Année : IIe année - recherche en magie expérimentale |
| A la façon dont elle me regarde, je devine qu'elle ne s'attendait pas à ce que je lui parle littérature. Ou à ce que je lui parle tout court, d'ailleurs. Ca ne m'étonnerait pas qu'elle découvre pour la première fois le son de ma voix. Il paraît qu'elle surprend, ma voix. Juliet m'a dit ça un jour. Ca te va pas de faire la gueule comme ça. T'as pas une voix qui fait la gueule, y'a un décalage. Autant vous dire que j'ai pas trop compris ce qu'elle entendait par là. Vous savez ce que c'est, vous, une voix qui fait la gueule ? Elle, en tout cas, elle savait, et elle a entrepris de m'expliquer. Mon scepticisme ne l'a pas découragée. En fait il n'y a pas grand chose qui la décourageait. Mais je me souviens bien de sa plaidoirie enflammée. Il était question d'une chaleur dans le timbre qui ne s'allie pas du tout à la tête de déterré que j'arbore tout le temps, ou au ton morne que j'utilise la plupart du temps. Moi qui avais presque l'impression d'être fréquentable quand j'étais avec elle, autant vous dire que j'ai été un peu désemparé. Mais elle s'est mise à rire et ça a dissipé mes inquiétudes, comme ça. C'était magique. Foutue ironie, hein ?
Pas sûr que Jezabel soit aussi poétique que Juliet, pourtant. Quoique, elles ont bien toutes les deux lu Notre Dame de Paris. La Rowles est-elle aussi admirative de Hugo que l'était Juliet ? A cette idée, j'envisage presque essayer de faire un effort pour lui donner envie de répondre à ma question, pour qu'on parle, pour savoir. J'ai envie de l'entendre me parler littérature avec la même flamme que celle qui animait Juliet. Juste pour la retrouver un petit peu. Et franchement, ça ne manque pas. Je vous ai déjà parlé des plaidoiries enflammées de Juliet ? Oui, je crois que oui. Aucun mot ne franchit la barrière de mes lèvres tandis qu'elle déverse sur moi tout un discours. Je me demande une seconde si elle n'a pas déjà tenu de tels propos par le passé pour être capable de me servir comme ça son argumentation, mais à la façon dont elle me regarde ensuite, je renonce à l'idée. Elle a l'air aussi surprise que moi. Pas pour les mêmes raisons. Si je ferme les yeux, que je monte sa voix d'un ou deux tons, je jurerais avoir quelqu'un d'autre en face de moi. Gifle mentale. Arrête tes conneries, mec.
En plus, Juliet n'aurait jamais employé un ton pareil pour m'adresser la parole. Elle était beaucoup plus douce. Même dans sa façon de me tourner le dos et de disparaître entre les arbres de Hyde Park la dernière fois que je l'ai vue, elle a été douce. La fille devant moi est un bulldozer. Et je fais taire assez brutalement la petite voix dans ma tête qui essaie de me souffler que je sais parfaitement que Juliet aussi était un bulldozer, au fond. Ils crèvent tous à la fin. La formule m'arrache un petit rire pas vraiment joyeux. Une seconde, l'idée qu'elle connaisse peut-être la moldue essaie de se faire une petite place dans ma tête. Ca fait trop de coïncidences. C'est trop énorme, ça fait trop. Mais je ne sais pas trop comment ce serait possible que ceux deux-là se soient jamais rencontrées.
« Ils crèvent. Ils se font marcher dessus tout le long de leur histoire, et même quand ils y croient et qu'ils espèrent, nous on sait très bien que de toute façon ils finiront au bout d'une corde. A aucun moment on y croit comme eux. On sait déjà qu'il y a pas d'espoir à avoir, et on les regarde se déchirer du début à la fin. C'est pour ça que j'ai pas aimé. » J'ai baissé les yeux sur la couverture du livre qu'elle a finalement ramassé. Un peu nostalgique, je songe que j'ai déjà tenu de tels propos. Mon argumentation à moi est déjà toute prête. J'étais convaincu de ne plus jamais en avoir besoin, pourtant. « Le pire, c'est qu'il n'y aurait pas d'autres scénarios possibles. On peut même pas se dire que c'est trop con, qu'il aurait suffi d'un tout petit changement dans l'histoire pour que ça se termine mieux pour eux. Parce que même si on change quelques trucs, le résultat serait le même, il n'y a aucun moyen pour qu'ils finissent pas tous par crever. Tout ce qui ressort de ce livre, c'est la stérilité de leurs espoirs, et l'inanité de leurs convictions. » Beaucoup de mots compliqués, je note, presque amusé. Parfois, je me dis que je ne devrais pas tant cracher sur mon éducation de petit prince, parce qu'elle m'est assez utile de temps en temps. Je suppose que la plupart des gens ne s'imagine même pas que je suis capable de former des phrases correctes quand je parle. Peu importe. Je finis par hausser les épaules en relevant la tête vers elle pour visser mon regard dur dans ses prunelles. « Et franchement, pas besoin de lire Hugo pour savoir que la vie est pas un conte de fées. Suffit d'ouvrir un peu les yeux et regarder plus loin que le bout de son nez. » Les destins brisés y'en a à la pelle partout autour de nous. Quitte à pas avoir le moindre putain d'espoir pour ma propre vie, j'aurais aimé pouvoir en avoir pour les personnages de ce roman. Mais non. Je suis le lecteur omniscient qui sait déjà que malgré tout ce qu'ils feront, malgré les lambeaux d'espoirs auxquels ils se raccrocheront jusqu'au bout, à la fin, ils crèvent. Dans un tonnerre d'applaudissements. Sauf que ça, je me garde bien de le lui dire, les yeux à nouveau posés sur la couverture du livre. Je n'ai pas franchement envie de m'en aller et de la laisser là, étrangement, même si la conversation semble arrivée au bout. J'ai toujours aimé parler littérature avec Juliet. Je crois que j'ai aimé ça, cette fois aussi. Assez pour lui faire à nouveau face, l'ombre d'un sourire au coin des lèvres. « Puis merde, hein, on juge pas. Qu'est-ce que t'as contre Beedle le Barde ? » |
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Jeu 9 Juin - 13:32 | |
« Lui seul peut décider qu'on se parle d'amour ou d'amitié » ϟ Statut de sang : sang-pur ϟ Communauté : Comité de Recherche ϟ Situation amoureuse : Fiancée à Garrett FitzAlan mais le coeur libre comme l'air ! ϟ Vox : Marvis Quebert, l'auror qui a bouleversé sa vie. ϟ Année : L2 - Médicomagie |
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Pour arriver à toi Garrett FitzAlan & Jezabel Olsen Se peut-il vraiment qu'il soit vraiment son frère ? C'est là toute la question qui lui vient en tête à l'entente de la réponse du cadet FitzAlan. De la colère, un brin d'impuissance. En quelques mots seuls, cette bouche qui s'active à ne broyer que du noir la conquiert au cœur d'une puissance qui n'avait sans doute jamais été égalée autrefois. Sont-ils vraiment simplement en train de parler du contenu d'un bouquin moldu ? La jeune femme en douterait presque devant l'amplitude de cette expression morose barrant le visage de son homologue Gryffondor. Se faire marcher dessus sans aucun espoir d'éviter la situation. Si un intervenant extérieur s'en venait surprendre leur brin de conversation, le doute pourrait planer quant au sujet de leur discussion. Pour l'heure, elle écoute. Attentive. Il y a dans son langage des mots la faisant se sentir proche de lui. Il y'a dans ses paroles des reflets de ce qu'elle-même aurait pu dire, un savant mélange d'argot presque injurieux et de vocabulaire soutenu. Cet homme est un contraste bouleversant et déjà, l'agacement ressenti quelques instants plus tôt à son encontre s'en est allé. Pas un détail de cette histoire n'aurait pu changer les choses affirme-t-il. Un sourire malicieux se glisse au coin des lèvres de la brune.
« Vraiment, tu crois ? Pourtant, si Esmeralda n'avait pas été si belle, il me semble que ça aurait, au contraire, changé tout le court de l'histoire. Au fond, pas un seul de ces personnages n'a jamais prit le temps ou n'a eu la volonté de la connaître. Même ce bossu qui semble avoir assez d'amour pour la suivre dans la mort n'est jamais qu'un malheureux hypnotisé par sa beauté et ne jurant que par ça. Ils ne la connaissent pas, ne cherchent jamais à la connaître. Ils la veulent, point, alors si, je pense qu'un tout petit dérèglement dans la machine peut finalement tout changer. »
Une pensée, la plus idiote du monde. Si elle avait été bossu. Si elle avait laide, repoussante ou doté d'un handicap sévère, sa famille biologique aurait-elle seulement voulu d'elle à leurs côtés ? Si elle n'avait pas été sorcière, serait-elle aujourd'hui encore, du haut de ses seize ans bien passé, en train de courir nourriture volée sous le bras ? Dormirait-elle encore sur des planchers humides ou dans lits infestés de tiques ? Un détail. Un simple détail aurait pu tout changer. Et toi, jeune FitzAlan, aurais-tu jamais arboré un visage si défait en ce moment-même si tu étais né le premier ? Aurais-tu si mal au cœur à parler d'un roman si tu n'étais pas né au sein de ceux qui se préserve et craignent la différence de sang ? Un grain de sable et les plus belles mécaniques peuvent se rompre, tourner dans l'autre sens. Il suffit d'un rien au fond, d'un tout petit détail et change l'histoire. Parfois, ce dernier se glisse sans qu'on y prenne gare. D'autre fois, nous le plaçons volontairement entre les rouages. Il suffit d'un rien, mais déjà son interlocuteur s'exclame. Qu'a-t-elle seulement contre les contes de Beedle le Barde !? Regard ahuris, elle ne s'attendait certainement pas à le voir râler de la sorte après son monologue aussi terme que désespéré. Ça vient. Ça monte. Elle ne parvient à se retenir lorsqu'un rire franc s'en vient briser la mélancolique ambiance qui semblait s'être installée. Elle rit. Franche. Lumineuse. Elle ne pensait pas pouvoir rire ainsi en échangeant quelques minces banalités à propos d'un roman qui avait, à lui seul, suffit à ronger son humeur. Il faut plusieurs secondes à la jeune femme pour reprendre son souffle, tendant ainsi au plus jeune des FitzAlan un sourire enchanteur.
« Absolument rien ! Je dois même avouer que La Fontaine de la Bonne Fortune est une de mes histoires préférées, la morale est bonne et la fin heureuse. C'est moins pessimiste que Hugo mais ça a un côté tout aussi réaliste au final. »
Regard complice, elle espère, sans trop comprendre pourquoi, qu'un sourire va se frayer un chemin sur cette mine en perpétuel renfrognement. L'idée s'en vient progressivement en elle pour devenir un objectif. Elle n'avait pourtant jamais ressenti ni l'envie, ni le besoin de lui parler avant ça. S'en mord les doigts. Elle ne vaux peut-être pas mieux que les vicieux personnages de Victor Hugo dans le fond. A son apparence, elle n'a jamais jugé bon le connaître. Pour autant l'envie est né et se refuse à se taire. En silence, la voici qui déjà en réclame plus. En veux plus. Si cela s'arrêtait maintenant, elle en mourrait de frustration. Malheureusement, sans le savoir, la question qui s'en vient d'entre ses lèvres pourrait bien jeter un froid cruel sur l'élan chaleureux qu'avait prit leur échange. Elle ne sait rien après tout, ne pourrait rien en deviner même du haut de sa grande perspicacité. Besoin de savoir, envie de l'apprendre. Elle ne lâchera pas l'affaire même s'il se dérobe. Le Gryffondor est déjà perdu d'avance, la née-Rowle déjà a lancé l'assaut contre lui.
« Comment t'en est venu à lire ce bouquin d'ailleurs ? C'est assez rare de voir un sang-pur aussi calé en littérature moldu. »
Compliment silencieux. Elle s'émerveille de cette drôle de particularité, n'ayant gardé de ses enseignements Rowlien que l'idée que tout ce qui touche de près ou de loin au monde moldu est un blasphème contre leur honneur même. Foutaise, en voici un de sang-pur qui a autant d'intelligence que d'intérêt pour eux semble-t-il. Elle veut savoir, se montre déjà la plus attentive des auditrice. Au pourquoi, il faut une raison, qu'elle soit valable ou non. Elle n'a nul besoin de réponse inédite ou d'une nouvelle histoire rocambolesque de plus. Rien qu'un soupçon de vérité, de confession. Il a déjà gagné son intérêt, mais elle est Rowle. Sans le voir, a hérité cela d'eux : le besoin d'en vouloir toujours plus. A l'excès.
©Aloysia
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Jeu 9 Juin - 21:39 | |
They say that they don't see what you see in me ϟ Statut de sang : Pur ϟ Communauté : Neutre ϟ Situation amoureuse : Fiancé à Jezabel Olsen, bien malgré lui ϟ Vox : William FitzAlan, son frère ϟ Année : IIe année - recherche en magie expérimentale |
| Depuis combien de temps je n'ai pas ressenti ça ? Une once d'intérêt pour une conversation, un fantôme d'envie de continuer. C'est relativement triste quand même. Vous devez vous demander à quoi ressemble une vie comme la mienne, dépourvue de la moindre étincelle, du moindre frisson. Elle ne ressemble pas à grand chose, en vérité. A quoi bon et pour quoi faire ? Je n'ai jamais trouvé de réponse à ces questions. Pas d'ambition, pas d'envie. A quoi bon et pour quoi faire, si c'est pour que ce ne soit jamais assez, autant ne pas s'encombrer d'espoirs. Ca ne réussit pas à grand monde, ça, l'espoir. Ils ne servent qu'à être brisés. Demandez à Hugo. Juliet avait rompu cette monotonie, cette insatisfaction constante de ma propre vie. Cette vie qui n'était jamais assez pour les autres ; comment alors aurait-elle pu me suffire à moi ? Il suffisait que quelqu'un y croie pour que vous vous preniez au jeu. C'est ce qui est arrivé avec elle. J'ai fait semblant de sourire, parce qu'elle souriait. J'ai fait semblant d'y croire, parce qu'elle y croyait. Je ne sais pas à quel moment c'est devenu réel. Ce qui est sûr en tout cas c'est que je n'ai pas fait semblant de souffrir quand elle est partie et qu'elle n'est jamais revenue.
La Rowle n'est pas blonde, n'a pas la voix aussi haute, pas le même perpétuel sourire – parfois un brin cynique, parfois rieur, parfois juste profondément bienveillant – accroché au visage, pas les mêmes yeux gris, pas la même posture, pas le même accent, pas la même façon de parler. Alors quoi, c'est juste le bouquin ? C'est juste leur air défiant, c'est juste leur façon d'être de véritables déflagrations sur pieds ? Juliet était le genre de personne qui débarque dans votre vie et qui vous colle une telle baffe dans la figure que vous restez planté là, et que vous ne pouvez plus vous empêcher de la regarder, que vous voulez la suivre, jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Que vous gravitez autour d'elle. Vous vivez seulement quand elle est là ; le reste du temps, vous l'attendez, c'est tout. Et quand elle est partie pour de bon il ne reste plus que le manque et la brûlure au creux du ventre comme si on vous avait enlevé un bout de vous-même. Dans mon cas, c'est un peu comme si je m'étais enfoncé mes propres doigts dans les entrailles pour me l'arracher tout seul. J'étais convaincu jusqu'au plus profond de moi que personne ne lui ressemblait, que personne ne la remplacerait jamais. Et je suis tout à la fois absolument certain qu'elle n'a eu aucun mal à trouver mieux que moi, de son côté. Quelqu'un d'autre qui la couverait du regard comme si elle était la plus précieuse des choses du monde. Quelqu'un d'autre en qui elle croira, peut-être plus fort qu'elle n'a cru en moi. Peut-être qu'elle aura raison, cette fois-ci. J'ai toujours raison, Garrett. Ce n'est pas vrai. Ca s'était apaisé, la douleur, un peu, pourtant, avec le temps. Mais cette fille, là, elle débarque, et c'est comme si elle traînait l'ombre de Juliet derrière elle. C'est pas possible de lui ressembler comme ça et de me la rappeler autant. Est-ce qu'elle a la moindre idée de tout ce qu'elle ramène avec elle ? Avec ses grands discours sur la vanité des hommes, avec ces injustices qu'elle dénonce ? Comme Juliet l'aurait fait. Je la connais depuis des années. Et je n'avais jamais vu ça, cette ressemblance. Pourquoi maintenant ? Pas dur : c'est le bouquin. Tout ça, c'est le bouquin, et il ne faut pas que je confonde mes regrets, mon désir de retrouver la fille que j'ai connue, et celle qui se tient devant moi, qui rit à ma pauvre tentative de relancer la conversation. Qui rit d'un vrai rire simple et libéré comme Juliet le faisait. Comme n'importe qui de normal le ferait. Arrête ton délire.
Elle me regarde en souriant et moi je la regarde en ne souriant pas. Puis je regarde ses lèvres qui sourient comme Juliet souriait. Et j'ai envie de sourire. Alors je parle pour que ça passe, l'air peut-être un peu plus absent « Je préfère Le sorcier au cœur velu. C'est pas très optimiste et sa finit mal, mais c'était ma préférée. Puis je pense qu'elle plairait à Hugo ». Ca n'a pas marché, je sens le sourire fleurir au coin de mes lèvres. Qu'à cela ne tienne. Arrête de penser, FitzAlan. Pour une fois, ça va pas te tuer.
A peine la décision prise d'arrêter de me torturer avec mes questions, la voici qui s'emploie à le faire à ma place. Comment j'en suis venu à lire ce bouquin ? C'est rare, c'est vrai. La littérature moldue n'intéresse pas beaucoup les sangs-purs. Les moldus n'intéressent pas beaucoup les sangs-purs. Les moldus n'ont rien à faire dans l'environnement d'un sang-pur et encore moins dans ses fréquentations. Êtres inférieurs, faibles, répugnants. Quel sombre ramassis de conneries.
« Je pourrais te retourner la question » je lâche, d'un ton peu amène, mon sourire abruptement disparu. « Je pense pas que tes parents soient beaucoup plus fans que les miens du romantisme français du XIXe. » Je songe à dévier la conversation, à enchaîner sur un autre auteur, peu importe lequel ; Chateaubriand, Musset, quelqu'un qui la captive, quelqu'un qui lui fasse oublier la façon dont je me défile déjà. Lamartine. Elle adorera Lamartine, non ? Je suis prêt à le parier. Au nom de quoi ? Toujours le même. Le même prénom qui répond à toutes les questions. Même la sienne. Pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Parce que c'est ma vérité. Juliet, c'est mon fragment de bonheur évaporé et personne n'a besoin d'en savoir quoi que ce soit. Ca ne regarde que moi. Est-ce que ça regarde Jezabel, que la seule raison pour laquelle je me suis arrêté pour lui parler, c'est qu'elle me rappelle une fille que j'ai aimée ? Une fille qui n'est pas elle. C'était déjà trop, ça n'a aucun sens. Et c'est douloureux. Elle n'a pas besoin de savoir. Alors maintenant, je l'envoie voir ailleurs, et je me tire comme si je ne lui avais jamais adressé un mot. Oui mais non. « Ô temps suspends ton vol, et vous, heures propices, suspendez votre cours. Laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours. » Je m'arrête à la fin du vers, troublé par la douceur de ma propre voix. Je connais ce poème par cœur pour l'avoir récité une fois à Juliet. C'était de circonstance, juste avant que je reparte pour Poudlard ; peut-être qu'il vient de là, le ton. Mémoire gestuelle. Je n'ai pas fait exprès. Bien, maintenant Jezabel doit vraiment me prendre pour un illuminé. Je secoue un peu la tête, m'extirpant de mes pensées pour faire face à la jeune femme qui ne doit rien comprendre à mon attitude. Essayant de ne pas paraître aussi surpris que je le suis (de mes propres mots et du son de ma propre voix, qui plus est), je demande, comme pour me justifier. « Tu connais ? » |
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Sam 25 Juin - 17:03 | |
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Pour arriver à toi Garrett FitzAlan & Jezabel Olsen Un sourire s'en vient qui pourtant ne parvient à appeler l'autre. L'homme lui faisant face est une vague. Il s'en vient, frôle et repart de plus belle en des lieux dont elle ne peux imaginer les maux et qui le font virer de bord à peine a-t-elle prit le temps de lui demander des éclaircissement sur son savoir moldu. Ses parents dit-il. L'air d'un rien, sans savoir. Ainsi s'effondrent les fondations de son propre sourire. William sait. William, s'il avait été là, aurait sûrement donné un bout coup de coude à son cadet pour avoir placé ce sujet au milieu d'une rencontre. Ils se trouvent pourtant ainsi là, face à l'autre, sans filet de sécurité et il n'est rien dès lors que la fille du Gryffon ne puisse faire pour cacher son propre désarroi, masquant habilement derrière un calme de façade l'ouragan faisant rage au dedans. Il a éludé la question. Elle en fera tout autant. Un jour peut-être, la vie fera qu'il saura lui aussi. Oui, sans doute qu'un jour viendra, où le plus jeune des FitzAlan apprendra de sa bouche que ce qu'il a nommé « parents » ne sont pour elle, encore aujourd'hui, que des étrangers, comme autant de chaînes traînées à son pied. Pour les détester, il aurait sans doute fallu que d'une façon bien étrange elle les aime. Il n'en est rien. Il n'y a rien dans son cœur qui puisse faire lieu d'attache auprès des Rowle. Tout juste ceux à qui elle doit d'être venue au monde. Rien de plus. L'enfant n'appartient qu'à celui qui l'élève. Où étaient-ils, eux, quand la faim lui tordait le ventre ? Quand le froid faisait trembler tout son corps autant que les frissonnements d'un père sacrifiant son propre duvet pour mieux la couvrir ? Son pilier, ses racines, tout le poids de son éducation n'a jamais été le fruit que d'un homme. Un millier d'autres pourraient venir lui prouver mathématiquement qu'ils sont son père que cela ne changerait rien. De père, il n'y en a qu'un qu'il lui tarde toujours de retrouver. Des rêves naïfs des jeunes filles, elle a gardé l'envie de se voir conduite de son bras auprès d'un être aimé, de fêter chacune de ses victoires, de pleurer chacune de ses défaites. Non, ses parents ne sont pas de fervent admirateurs du monde moldu. Pour peu que ces derniers fassent preuve d'un tant soit peu d'honnêteté, sans doute admettraient-ils qu'ils ne ressentent pour ce monde qu'était le sien que dégoût et mépris. Se ferme le verrou. William sait. Lui, non. Elle ne perdra une minute de son temps à lui expliquer aujourd'hui pourquoi, préférant se perdre elle-même sous le voile d'une vérité déguisée.
« C'est vrai qu'ils manquent de curiosité pour ces choses-là. »
Banalité affligeante. Elle donne raison pour mieux s'extirper du reste, en appelant pour se faufiler dans ses propres réponses à l'âme des vipères que le Choixpeau lui prédestinait. De la malice et de l'ambition. Elle a refusé de tout son être de rejoindre ces rangs pourtant, la faute aux discussions perçues plus tôt dans un train. Mais ça non plus, il n'en sait rien, lui qui semble pourtant savoir tant de choses. Lui qui l'appelle à des mots familiers comme un accord silencieux passé entre eux deux. Il a dans la voix les échos d'une douceur étonnante. Au bord de ses lèvres, un vocabulaire qui aurait su la faire rougir si ces mots de poème ne lui avaient été connus, qui la trouble pourtant tant ils semblent une déclaration. Inutile de s'emballer, ce ne sont là que des vers. Elle blêmit pourtant un instant à les entendre là, ici, à cet instant précis, répondant comme transportée à sa question par la continuité du poète.
« Éternité, néant, passé, sombres abîmes, que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes que vous nous ravissez ? »
Temps de pause, qui peut bien sembler le plus surpris des deux ? Elle se fige puis se farde à vouloir rendre à cet échange le naturel de ces premiers instants sans que ces derniers ne daignent faire le moindre effort pour y parvenir. Une pensée s'en va et virevolte pour mieux détailler ce visage faisant face. S'il ne sait rien de son histoire, elle en sait bien moins de la sienne et sent dès lors la montée d'une envie. D'un intérêt familier. Elle veut savoir, tout, depuis le début. Des premiers pas de l'enfant à ceux ayant conduit l'homme qu'elle observe en ce jour à citer Lamartine. Etrange sentiment qui s'en né, comme une drôle d'impression d'être soudain bien moins seule. Une main s'est tendue qu'elle se veut saisir sans savoir si elle en a même le droit. Mais l'homme a chassé sa première tentative d'apprendre d'un revers. Elle encaisse. Elle accepte. Tu es comme moi. Là est tout l'impact de l'idée qui éclot en son sein.
« Tu cites souvent Lamartine aux gens que tu rencontres la première fois ? » Silence. Un sourire, elle répond pour elle-même avant qu'il n'ai eu le temps d'esquisser sa propre réponse. « Non, les gens ne font jamais ça. »
Comme moi. Un semblable. Une drôle de personne né pour un rôle qui ne lui sied guère, gorgé d'intérêt que l'entourage ne peut pas comprendre. Une chimère au sein d'une école où règne la magie et où le plus beau leur semble pourtant hors de ces portes. Alors, portée par l'euphorie de cette évidence esquissée, la rouge et or ose et le met au défi, entame les règles d'un jeu idiot qui s'en deviendrait leur à l'avenir.
« Je vais te donner un nom. Si tu es capable de me citer un passage le concernant, je t'offre une bierraubeurre à la prochaine sortie de Pré-au-Lard, okay ? » A nouveau, elle entame sans lui laisser le soin de refuser. Devant ses yeux se trouve une lumière, une petite lueur imperceptible, comme cachée dans le sable et qu'elle veut voir briller de tous ses feux. Que cela lui plaise ou non.
« Allez, je serai gentille pour la première fois : Roméo. »
©Aloysia
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Mer 29 Juin - 14:59 | |
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| Elle récite. Pas la suite directe, mais un autre passage. Peu importe. Sait-elle celui qu'elle a choisi ? Je reconnais les mots immédiatement et mes paupières se ferment juste le temps que je reforme mentalement l'image de Juliet qui me dévisageait en souriant le jour où je lui ai adressé ces vers. Je suis un imbécile. Un imbécile masochiste qui se jette lui-même dans les flammes affamées d'une douleur oubliée. Quoique, plus latente qu'oubliée. Il n'y a pas un jour qui passe sans qu'elle ne me manque. Au début je faisais comme aujourd'hui, je fermais les yeux et j'oubliais qu'elle avait disparu. Je me laissais croire que je la retrouverais aux vacances pour supporter un peu mieux son absence. Ca n'a marché qu'un temps, j'ai fini par la repousser au second plan, progressivement, par la réduire à cette souffrance sourde et constante, devenue finalement trop familière pour être encore remarquée. A moins de reprendre de vieux réflexes et de sauter dedans à pieds joints. Pourtant je sais que c'est dangereux de fermer les yeux en pensant à elle. Je le sais, que ça ramène au galop des souvenirs trop heureux pour être inoffensifs. Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes que vous nous ravissez ? Soupir rauque. Ca fait mal dans la gorge, ça passe mal, ça tire.
Je rouvre les yeux, dévisage Jezabel ouvertement. Ce n'est pas juste le livre. C'est elle. Je ne sais pas comment c'est possible mais c'est elle qui me rappelle Juliet. Et ça fait du bien. Ca fait mal mais ça fait du bien. Parce que finalement rien n'est pire que son absence. Toujours légèrement incrédule, je ne fais pas mine de vouloir enchaîner une réponse à ses paroles. Qu'à cela ne tienne, elle récupère une contenance avant moi et reprend de plus belle. Si je cite souvent Lamartine lors d'une première rencontre ? La formule me fait sourire, un peu. Une première rencontre. Si tu savais depuis combien de temps je n'ai pas fait de nouvelle rencontre. Je ne suis ni le genre de gars qui va vers les autres, ni le genre de mec vers qui on va. Ca limite les opportunités. Non, les gens ne font jamais ça. Pourtant tu viens de le faire toi aussi. Il y a fort à parier que de toute façon nous sommes les seuls sangs-purs de cette école à savoir qui est Lamartine. Les autres auraient du mal à le citer, du coup. Les gens ne font jamais ça. Les gens ne cognent pas sur les autres, en général. Les gens ne laissent pas par terre les affaires des autres qu'ils ont eux-mêmes renversées. Les gens disent bonjour avant de donner un avis qu'on ne leur a pas demandé sur un bouquin que personne ne connaît. Les gens ne font pas fuir ceux qu'ils aiment à grand renfort de cris, de haine et d'amertume juste parce qu'ils ne comprennent pas qu'on puisse les aimer. Je crois que je ne suis pas un gens.
Perplexe, je passe une main dans mes cheveux trempés, guère certain de savoir comment alimenter la conversation après ça. Mais encore une fois, je n'ai pas besoin de parler. Elle fait la conversation toute seule, presque. Comme JCa suffit.
Voilà qu'elle me lance un drôle de pari. Un jeu, un challenge, peu importe. Je n'ai pas le temps de répondre avant qu'elle ne commence avec Roméo. Une petite seconde pour me rendre compte que ça m'arrange, parce que ça m'évite d'accepter. J'imagine que ça m'aurait arraché les lèvres de me montrer un peu enthousiaste. L'idée de ne pas avoir eu le choix me débarrasse de cette corvée ; je me contente donc de répondre du tac au tac à son petit défi. Effectivement, elle commence facile. Shakespeare est anglais, en plus, c'est encore plus simple que Hugo ou Lamartine. Je m'éclaircis la gorge, luttant contre le sourire qui étire le coin de mes lèvres, relève le menton dans une posture faussement impériale et prends une voix tragique et légèrement haute, plongeant dans le rôle de Juliet. « Ô Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo ? Deny thy father and refuse thy name. Or if thou wilt not, be but sworn my love and I’ll no longer be a Capulet. »
Deux secondes de silence après ma tirade et je relâche les épaules en riant de bon coeur. J'aurais pu faire carrière dans le théâtre, je crois. J'ose jeter un oeil à mon interlocutrice, guère sûr qu'elle comprenne quelque chose à mes changements d'humeur. J'espère qu'elle ne décidera pas trop vite que je suis un pauvre allumé ; son jeu m'emballe étonnamment. « A ton tour. Je suis gentil aussi ; si je te dis Robin Hood ? » |
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Jeu 30 Juin - 1:17 | |
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Pour arriver à toi Garrett FitzAlan & Jezabel Olsen Ô Roméo, Roméo, pourquoi donc es-tu Roméo ? Et elle sourit. Tente de se contenir, un temps, avant que de laisser éclater l'euphorie de son rire cristallin. Il n'a pas vraiment saisi toutes les règles de son jeu sur l'instant mais sans aucune doute, elle ne regrette rien. Voir le taciturne FitzAlan dans la peau d'une Juliette implorant le ciel pour la découverte d'un amant maudit vaux tous les trésors du monde et elle rit, rit et rit encore sans pouvoir s'arrêter. Cela n'a rien d'une moquerie pourtant. Son hilarité n'a rien des railleries médisantes que d'autres savent si bien proférer. Non, le tableau est juste drôle, léger, lui rend une bonne humeur qu'elle n'aurait pu imaginer retrouver si facilement quelques instants plus tôt. Ce garçon est un ovni, une étrangeté de la nature aux cheveux humides qui s'en vient, la bouscule, se renfrogne sans politesse et la seconde suivante la rend à tout ce qu'elle peut posséder en elle de joie. Magique et son rire s'en vient alors se mêler au sien. Un rire magnifique qui le glorifie tout entier. S'ils se connaissaient mieux, sans doute se risquerait-elle à lui dire comme cet état de fait le rend plus doux, plus abordable. Plus beau. Elle se tait. Ce ne sont pas là des mots qu'on adresse à quelqu'un que l'on rencontre à peine, encore au moins au frère cadet d'un ami agaçant. Ce ne sont pas là des mots qu'on offre à un caractère comme le sien. Au mieux, cela l’effraierai. Au pire, cela briserait-il la douceur de l'instant vécu pour instaurer une gêne affreuse qu'elle n'ose pas elle-même imaginer. Elle se tait alors, n'en pensant pourtant pas moins, le toisant plutôt avec une parfaite décontenance tandis que, se voulant gentil, le jeune homme lui donne pour mission de citer Robin des Bois.
Pause. Son cerveau fonctionne à toute allure. Elle a sans doute manqué quelque chose, manqué un livre, une histoire, une pièce de théâtre, n'importe quoi qui mettrait en scène le héros de Sherwood. Gentil disait-il ? Ce salaud vient de la coincer à son propre jeu et cela s'en ressent dans l'expression de profonde réflexion dans laquelle la jeune femme en vient à se plonger. Dumas auras bien écrit à propos du prince des voleurs et de son entourage, mais est-ce bien là ce qu'il attend ? Prise de court, elle en vient à réciter cette phrase lui étant restée dans le cœur, sans aucune certitude, sans aucune assurance. Rien que de la gravité, drôle d'impression se lisant sur un visage qui la minute précédente s'étirait dans la joie.
« Si Dieu donne la douleur, il donne également la force de la supporter. »
Un message d'espoir disait son père en le lui lisant. Tous les maux, même les plus cruels parviennent un jour à s'effacer sous le poids du réconfort et du temps. Ce qui ce soir te fait si mal un jour ne sera plus qu'une petite pointe amère au fond de ton cœur. Ceux qui te quittent et te laissent à l'état du plus pur abandon, demain, ne te laisseront qu'un souvenir heureux et tout le mal sera chassé. C'est bien cela, l'espoir. Le moteur qui fait vivre l'Homme mais déjà, son visage s'est fermé dans le souvenir d'une voix chérie lui faisant la lecture de ces mots. Cela ne dure qu'une courte minute avant qu'elle ne se reprenne, se giflant mentalement, tendant à son interlocuteur un sourire presque navré.
« Désolé, j'aurai mieux fait de trouver autre chose, c'était super plombant ! Mon père disait toujours que c'était quelque chose de positif mais en fait, quand je le dis, j'ai juste l'impression de réciter les règles même de la fatalité, ça crains... Attend, je vais me rattraper, t'as intérêt à assurer ! »
Sourire à nouveau. Bon sang, il va sans doute la prendre pour une dingue. Le genre de fille bipolaire qui se fait la conversation toute seule, change d'une humeur à une autre en une fraction de seconde. Elle est bien loin désormais l'enfant bénie des Rowle à qui l'on a apprit l'art de la retenue et de la distinction. Même la survivante, grave et à l'affût de tout semble s'être éteinte sous les lueurs d'une nature franche et mise à nue qu'elle lui offre sans même en avoir conscience. Elle est ainsi, découverte à ses yeux telle qu'elle n'a jamais cessé d'être dans un petit coin de son cœur : trop franche pour son propre bien. Sans jeu maudit ni faux semblant, sans facette ni masque. Elle est une elle devant un lui qui se donne toute entière et sans limite, perdant conscience de sa propre allure. Rien que lui et elle dans un couloir vide et elle reprend alors, s'exclamant comme ayant trouvé une idée de génie.
« J'ai trouvé le héros parfait pour toi vu ton nom et celui de ton frère : Darcy FitzWilliam !»
Littérature anglaise, romantique et d'un autre temps. Jane Austen mise en valeur. Elle croit pouvoir faire mouche par cette illumination. Sans doute à tort.
©Aloysia
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| Sujet: Re: Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel Jeu 21 Juil - 20:30 | |
They say that they don't see what you see in me ϟ Statut de sang : Pur ϟ Communauté : Neutre ϟ Situation amoureuse : Fiancé à Jezabel Olsen, bien malgré lui ϟ Vox : William FitzAlan, son frère ϟ Année : IIe année - recherche en magie expérimentale |
| « Si Dieu donne la douleur, il donne également la force de la supporter. » Quel optimiste charmant. C'est presque mignon. Condescendant, vous trouvez ? Je ne m'en rends pas compte. J'ai arrêté de me poser ce genre de questions ; je suis devenu beaucoup trop prompt à juger les autres pour avoir encore le temps de m'inspecter moi-même. C'est bien le but de l'opération. Je dégoûte déjà la terre entière, alors je sais déjà que si je prenais le temps de porter le moindre regard sur moi-même, je me dégoûterais aussi. Avec le temps, j'ai appris à supporter d'être qui j'étais sous les yeux du monde. Je ne pense pas être capable d'en faire autant à mon propre égard et autant vous dire que je n'ai pas très envie de tenter l'expérience. C'est le genre de rideau derrière lequel on ne peut pas jeter un oeil sans être aspiré de l'autre côté. Et je ne veux surtout pas passer de l'autre côté.
Jezabel semble réfléchir pendant que je prends bien soin de ne surtout pas voir à quel point je ne suis qu'une saloperie d'ordure égoïste. Le regard qu'elle voile sûrement sans le faire exprès ne me trompe pas ; je suis un grand habitué des réflexions impromptues qui vont attrapent et vous balancent à l'intérieur de vous-mêmes sans vous demander votre avis. A croire que je ne suis pas le seul à être aux prises avec mon passé. Sans un mot, j'attends qu'elle revienne à elle ; il ne lui faut pas longtemps. Je fais comme si je n'avais rien remarqué. Comme quoi la définition du mot délicatesse ne m'est pas toujours totalement étrangère. Une excuse, quelques mots d'explication. L'un d'entre eux me fait tiquer, mais je ne l'interromps pas. On aura tout le temps d'y revenir, n'est-ce pas ? J'ai moi-même esquivé ses questions, et si je ne veux pas qu'elle me renvoie la balle sur le sujet, je ne vais pas venir la questionner sur ses parents. Mais elle a elle-même vendu l'un de ses secrets et à son ton si naturel, je suis déjà convaincu qu'elle ne l'a pas fait exprès. Celui qu'elle vient d'appeler Père ne répond pas au nom de Rowle. Parce que le paternel Rowle n'a jamais entendu parler d'Alexandre Dumas et encore moins de ce qu'il a écrit. Alors une citation sur l'espoir et la religion des moldus ? On ne me la fait pas à moi. Et Jezabel n'a sûrement même jamais eu l'intention de me faire croire une telle chose. Elle a juste oublié un instant qu'elle était supposée faire semblant d'être la fille qu'ils attendaient.
L'inspiration que je prends s'engouffre dans mes poumons comme si c'était la première fois que j'entrais en contact avec de l'oxygène depuis des années.
Mais je n'ai pas trop le temps de m'attarder sur ce qui vient d'arriver ; elle lance un nouveau nom et presque immédiatement, un sourire presque carnassier prend sa place au bord de mes lèvres. Elle pensait me piéger ? Darcy FitzWilliam est l'un de mes personnages préférés. Même si j'aurais préféré qu'elle oublie de me rappeler que je suis le frère de mon frère ; je crois que je suis de trop bonne humeur pour m'en formaliser. Je me râcle à nouveau la gorge, me redresse dans une posture cette fois carrément altière. La voix que je prends est à la fois grave et portée, exagérant complètement le ton suffisant que nous avons tant de fois entendu dans la bouche de ceux qui viennent de notre monde : « Oui, elle est assez acceptable. Mais je ne suis pas d'humeur, ce soir, à m'intéresser aux petits jeux de la bourgeoisie. » Un petit haussement de menton suivi d'un hum faussement outragé concluent ma tirade, et à nouveau, il ne faut qu'un instant pour que mon rire résonne contre les murs de pierres.
Je ne l'apprendrai que plus tard, mais cette légèreté a quelque chose de sacré. Ces instants de gaieté auprès de celle qui deviendra l'une de mes plus proches amies sont ce qui se sera le plus rapproché du bonheur pour les années à venir. Je ne la remercierai jamais pour ça. Peut-être parce que comme tous les abrutis qui peuplent cette terre, je ne me rendrai compte de ma chance que quand elle se sera envolée. Irrévocablement. |
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| Pour arriver à toi | Garrett & Jezabel | |
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