Le sang coule. Une guerre sans merci. Des cris résonnent, des hurlements, des rires, des bruits sourds puis, plus rien. Autour de moi, tout le monde est mort. Cette famille n’est plus. Ils l’ont mérités, ils ne méritaient pas de vivre. Ce sont des personnes nocives. Nocives pour la survie de notre race. J’ai déjà bien honte d’être un sang-mêlé, ça veut dire que quelque part, du côté de mon père, un sorcier a été assez idiot pour se reproduire avec un être abominable dépourvu de magie. Rien que cette idée me répugne et si je le pouvais, je mettrais des barrières entre ce monde et celui qui ne nous appartient pas et qui n’a aucun droit de se mélanger à nous. Que les moldus restent à leur place. Leur place est tout au bas de la Pyramide de l’Ordre de la vie. Et les sorciers aux premiers rangs. Nous sommes des êtres supérieurs et nous l’avions toujours été, et rien que de savoir que certaines personnes les considèrent comme leur égal me dégoûte.  Ont-ils perdu l’esprit ?

Je suis satisfait, je me sens beaucoup mieux. Je me sens revivre rien que par le pêché.  Tuer est une chose qui me dévore. Et cette sensation de mort m’enveloppe chaque fois que l’irréparable est fait. Je me sens moi. En cet instant, je sais qui je suis vraiment et ce dont quoi je suis capable. Du pire. Tuer ne me pose aucun problème. Torturer non plus. Et je le ferais jusqu’à ce que l’on tremble rien qu’en prononçant mon nom. Un jour, je serais considéré comme le pire des meurtriers et ce jour là, je ferais régner la terreur. On se retournera au moindre bruit ou à la moindre sensation étrange, pensant que je marche sur vos pas. Personne n’aura la conscience tranquille lorsqu’il fermera les yeux, prêt à partir dans un monde qui n’appartient qu’à lui. Tout le monde aura peur d’y partir et de s’y réfugier, pensant que je viendrais vous ôter la vie pendant que vous dormez.  Je ferais parti de ceux qui s’allieront au mal. Je ne suis pas comme eux, ni comme vous. Et vivre parmi vous, c’est dur.

L’une de mes victimes bouge. Ce père de famille est robuste, on pourrait presque croire qu’il est impossible de l’achever. Je m’approche de lui et l’observe. Son visage est couvert de son sang ainsi que celui du reste de sa famille : de sa femme, de son nourrisson et d’un autre de ses enfants, âgé de 5 ans à peine. Il glisse son regard sur moi, peinant à respirer et même à bouger, totalement faible. Je m’accroupis et j’incline ma tête, un sourire malsain se dessinant sur mes lèvres.  « Sens-tu la mort se frotter contre ton âme ? » Dis-je d’un ton calme, presque doux.  Il gémit, respirant de manière saccadée. Sa fin est proche, ce n’est qu’une question de temps. « S’il … vous plait … » Je me redresse, lâchant un rire sonore. « Je ne vous comprends pas. Vous savez que vous allez mourir et à chaque fois vous me suppliez. Sachez que ce n’est pas la peine. On ne vous épargnera jamais. » Je pointe ma baguette en sa direction. Mon visage est la dernière chose qu’il verra. Ma voix est la dernière chose qu’il entendra. Je lance ce sort, impardonnable. Une lumière verte jaillit du bout de ma baguette et vient frapper violemment le corps du père de famille, désormais inerte. Je tourne les talons, enjambant les corps, prêt à partir. A peine ai-je eu le temps d’ouvrir la porte que soudain, un trou noir.

J’ouvre les yeux et je regarde autour de moi. Je peine à reprendre mes esprits. Bon dieu, ce n’était qu’un rêve.  Un lieu où ici seulement je peux assouvir mes désirs les plus fous. Peut-être un jour, je n’aurai plus besoin de rêver. Et bientôt, j’espère.  Je me suis endormi, lamentablement alors que j’étais en pleine lecture d’un ouvrage concernant la médecine magique. J’ai soif de connaissance et j’aime en apprendre tous les jours, en savoir le plus possible pour mieux vous détruire. J’ai du louper un malade. Enfin, non. On m’aurait réveillé. Je me redresse, me frottant les yeux, encore perturbé par ce doux rêve si jouissif. J’enfile ma cape, je me saisis de ma baguette puis j’éteins la bougie se trouvant sur le chevet près de mon lit puis je quitte la pièce qu’est ma chambre.  

Je ne retrouverais plus le sommeil après ça. De toute façon, je ne trouve pas le sommeil aussi facilement. Je me dirige vers l’infirmerie mais j’aperçois de la lumière, et j’entends des pas. Je fronce les sourcils, assez interloqué. Qui peut bien me rendre visite à une heure pareille ? Enfin, me rendre visite est une grande expression, car je suis persuadé que l’on vient fouiller ou piquer dans ma réserve. Une chance que je ne range rien dans l’ordre ou que j’ensorcèle mes fioles ainsi que mes récipients où se trouvent mes ingrédients chaque soir. Les étiquettes sont fausses. Vous pouvez bien vouloir de la potion contre la toux, à la place vous vous retrouverez avec du Ratconfortant. Je connais les élèves, et je déteste que l’on fouille dans mes affaires. Je me dirige d’un pas décidé mais à vitesse normale en direction de l’infirmerie. Si cela se trouve, l’élève fuira comme un lâche.

A ma grande surprise, l’élève se saisit simplement de ce qu’il cherchait. De ce qu’ellecherchait. Elle ne fuit pas, elle a plutôt l’air tranquille. Et ce doux parvient qui s’imprègnent dans mes sinus. Un parfum si doux mais fruité. Un parfum qui m’est familier. Un parfum qui appartient à une séduisante demoiselle.  Le son de sa voix me prouve que j’avais raison. Un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Je m’approche ensuite d’elle avant de me stopper, me trouvant qu’à quelques petits mètres au moins. Je pose mes mains sur la table de bureau qui se trouvait non loin de là. « Puis-je te retourner la question, Mademoiselle Olsen ? » Car il est vrai qu’en général, je la retrouve beaucoup plus de fois tard dans la nuit que tôt le matin. Je jette un vif coup d’œil à ce qu’elle a pris dans ma réserve puis je lance un Accio sur sa prise, l’objet se déposant entre mes doigts. « Mieux vaut me demander lorsque tu souhaites quelque chose dans ma réserve, tu risquerais de blesser quelqu’un. » Je jette un coup d’œil sur l’ingrédient du crime. Je lance un sort sur mon armoire, retirant ce sortilège de tromperie avant de déposer l’objet du crime à sa place. « Pourrais-je savoir pourquoi cherches-tu à ‘m’emprunter’ de l’Aconit ? » Soit pour une potion Tue-Loup, soit pour une potion de l’œil Vif.  Tue-Loup m’étonnerait fort, ou alors elle se met à faire des essais pour ses capacités personnelles. Je la dévore du regard. Jezabel est une jeune femme d’une beauté d’un autre monde. Elle est très séduisante, mais elle le sait. J’attrape son poignet, sans bien trop réfléchir, me sentant légèrement dépassé par mes émotions. « Et n’oublie pas que … je sais lorsque tu mens. » Dis-je dans un murmure avant de lâcher ma prise et de refermer les portes de mon armoire. Je me déplace vers la table de bureau, posant mes fesses dessus. Si elle me fournit des explications, peut-être que je ferais des efforts de me jouer le bon saint-maritain. Mais à une heure aussi tardive, en général … je me laisse un peu plus aller. Le monstre n’est jamais bien loin.

©Pando

La manipulation est quelque chose que j’exerce avec professionnalisme. Je dois être l’un des plus grands manipulateurs de ce monde magique. J’aurai peut-être pu réussir au Ministère, mais que Diable, la politique ne m’intéresse pas plus que ça. Bien que la quête du pouvoir est extrêmement excitante et qu’être à la tête d’un monde que je chéris tant me plairait bien, je n’ai pas envie de me retrouver avec un emploi du temps d’un autre monde, de devoir me forcer à faire encore plus de charité que maintenant. Et puis, trouver des acolytes qui pensent comme vous et qui chercheraient à renverser ce monde, c’est bien difficile depuis la chute du Lord. Parfois je me sens seul au monde, puis il y a mon père. Et même dans ce cas là, je suis bien plus cruel et sadique que lui. Je dois être le pire de tous, celui qui une fois possédé par son désir de tuer et de torturer, n’a plus aucune limite. On ne me manipule pas comme ça, je reconnais les personnes qui sont comme moi ou qui usent de leur charme pour parvenir à leur fin. Il y a beaucoup de choses que je sais, et que je vois. Je suis un observateur rusé, très fourbe, très malin. On ne m’attrape pas comme ça, il en faut beaucoup. Je suis d’une méfiance hors normes. Il faut se méfier de tout le monde, même de ceux que l’on pense juste. Jezabel doit penser que je suis naïf et que ce « lien » que l’on a lui permet de jouer à la poupée autant qu’elle le souhaite avec moi. Autant lui laisser croire qu’elle y arrive très bien et que je sois aussi bête que mes pieds. Tromper les autres, leur dissimuler la vérité. S’ils savaient, je pense que j’aurai fini longtemps sous clef aux cachots jusqu’à ce que l’on vienne me chercher pour m’examiner, me poser des questions. Qu’est-ce que j’aurai eu comme sentence ? Aucune idée, honnêtement. Pas une bien lourde, je n’ai tué personne …enfin, si l’on compte les animaux, dans ce cas si. J’ai déjà torturé oui, des êtres vivants. J’ai déjà abusé de mon statut, tentant de traiter une jeune élève à l’époque contre son acné mais lui donnant un mauvais remède. La voir en souffrir, la voir se faire moquer par les autres … c’était jouissif. Bien sûr, c’était un remède assez spécial et compliqué, quelque chose de nouveau donc j’ai pu tourner la chose à mon avantage. Etre méchant, ce que c’est bon.

Sa réponse m’arrache un petit sourire en coin. Un suspens, bien sûr que je suis censé savoir mais honnêtement à l’aveugle, sans voir le reste de la potion, je ne saurais vous dire ce qu’elle mijote. Mais à mon avis, c’est une solution bien loin d’être de la potion revigorante. « Bizarrement, quelque chose me dit que c’est bien loin d’être une potion d’œil Vif. » Dis-je une fois que j’ai regagné mon bureau, posant donc mon arrière train sur ce dernier, observant la jeune femme en face de moi. J’ignore pourquoi, mais je serais bien surpris qu’elle me dise qu’en fait si, elle recherche de l’aconit pour préparer cette potion. Et je ne la croirais pas car cette jeune femme est fourbe. Rien que lorsque l’on se plonge dans ses prunelles, on lui donnerait merlin sans confession. On dirait Amen à tout. On lui donnerait tout tant elle est envoûtante, tant ce qu’elle dégage nous transforme en sombre idiot. Pourtant, elle n’est pas vélane et fort heureusement pour la plupart du château. On s’en mordrait les doigts, et on serait ses petits soldats. Heureusement que ce don ne tombe pas entre les mains de n’importe qui. Surtout pas d’elle. Je suis tout mouvement de cette femme des yeux, et ce qui me retient de m’emparer d’elle n’est rien. Mon self control est tellement bas que je me demande encore pourquoi le monstre ne se manifeste pas. Elle se la joue et me ferait presque les yeux doux. Elle dépose sa main sur la mienne et se contacte m’arrache un long frisson qui me parcours l’échine. Que diable, cette femme est une sorcière tout droit venue de Salem. Une sorcière diabolique et venimeuse. Elle est séduisante, et elle le sait. Elle pourrait en faire plier plus d’un. Mais quelque chose en moi me dit qu’elle cache quelque chose et que ce n’est pas pour un simple remontant. Mais jouons le jeu, si c’est ce qu’elle veut, au risque de se faire mal, très mal. « Ma pauvre petite chouette. » Bien que ça me démange de jouer au plus gentil et au plus stupide, je trouve ça tout de même amusant. Et voir jusqu’où les gens vont pour mentir, pour parvenir à leur fin m’intéresse grandement. « Prend ce que tu souhaites, je n’ai pas envie de me retrouver à m’occuper de toi pendant quelques jours parce que tu manques cruellement de force et de sommeil. » Je glisse mon autre main qui ne se trouve pas au contacte de la sienne, me saisissant de son menton, rapprochant son visage du mien. « Seulement, si j’ai quelque chose en retour. Tout à un prix. » Dis-je dans un murmure, assez faible, comme si j’avais peur que l’on m’entende.

J’aimerai lui faire payer, d’une certaine manière sa façon d’agir et qu’elle sache qui est le maître ici, qui règne sur cette infirmerie. Lui montrer que toute chose à un prix, son comportement, voler, emprunter. Tout service se rend, c’est comme ça que ça marche. Je relâche son menton ensuite, plantant mon regard sombre et sans aucune expression dans le sien, dans lequel on se laisserait s’y noyer volontiers. Je lance un accio sur l’aconit, la narguant presque avec, le lui montrant. « Si je te revois encore ici, entrain de vouloir me dérober le moindre ingrédient, ou la moindre fiole, sache que je serais beaucoup moins clément avec toi. Et prend plutôt cet avertissement au sérieux, Jezabel. » Dis-je d’un ton plus autoritaire, et plus froid. Je veux bien jouer le garçon fort sympathique, me forcer à me plier à la sympathie des gens, disons qu’au bout d’un moment je perds vite patience. Déjà de un, jouer à un jeu commence sérieusement à me peser, et de deux, bien que cela soit amusant et enrichissant de jouer au naïf, le naturel revient toujours très vite au galop malgré moi. Et de toute évidence, bien que je fasse le bon saint-maritain, je laisserai cette fois-ci peut-être ma vraie nature faire face. Mais au moins, je ne l’y reprendrais peut-être plus. « Bien sûr, c’est juste un avertissement, ce n’est pas le prix à payer. Tu me dois quelque chose. Et je suis ouvert à toute proposition. » Je glisse mes doigts dans ses cheveux ébènes. Le désir est trop fort, bon dieu, qu’a-t-elle fait ? Je dois me contenir, mais à une heure aussi tardive, en général, le monstre est là. Je cherche à tuer et à torturer, ou je cherche à chasser, le contact physique. Je déglutis difficilement et resserre ma prise sur sa longue chevelure flamboyante. Je prie tous les dieux pour ne pas retirer mon masque. Je prie tous les dieux pour ne pas qu’il se brise. J’en tremblerais presque. J’attends avec impatience le jour où je pourrais enfin être moi-même, où je pourrais exercer ma cruauté sans aucune retenue. Je suis à bout, le manque est trop présent. J’ai envie de craquer, et chaque jour c’est de plus en plus un supplice. Qu’ai-je fait à Merlin pour mériter ça …

©Pando