I Installé dans la salle commune froide, sombre et silencieuse des Serpentard, assis sur l'un des grands canapés, Kylian Avery relisait pour la centième fois le morceau de parchemin qu'il avait dans les mains. Cette lettre provenait de sa petite sœur, la cadette de la famille, âgée seulement de neuf ans. La petite princesse de Kay, son diamant. Il n'avait pas cessé de la lire depuis ce matin et une nouvelle fois, ses doigts se serrèrent sur le bout de papier, froissant le parchemin déjà dans une salle état. L'écriture verte était fine et étrangement soignée, personne n'aurait pu se douter que cela venait d'une enfant, et pourtant c'était bien le cas. Tout chez les Avery devait souligner leurs rangs. Que ce soit leur éducation, les langues, l'écriture, la connaissance. Ils devaient être la crème des sangs purs et leur père y avait veillé... Ceux qui n'ont jamais fait partie d'une famille de sangs purs à la solde de Voldemort ne peuvent pas savoir. Ils pensent tous que c'est un peu dans les gènes. Si les parents sont mangés, les enfants aussi, alors que c'est faux.

Même si Kylian avait été élevé dans ce sens, pour si jamais un jour cela recommence, il n'a jamais voulu suivre cette voie. Pourtant, Archibald Avery, le père de famille, lui avait offert une éducation stricte et violente. L'idée était sans doute de briser son fils, pour qu'il devienne assez taré ou obéissant pour suivre ses traces, tout comme les autres. Pourtant, tout ce que son père a réussi à faire, c'est faire naître une haine sans bornes pour son géniteur. Combien de fois Kay a rêvé de lui arracher le cœur après avoir entendu ses frères et sœurs, ou même sa mère, hurler sous le sortilège de Doloris... Bien souvent, Kylian intervient et il en paye les conséquences, mais tant que ses cadets n'ont rien, il s'en moque. Mais parfois il ne peut pas, sous peine que leurs punitions soient pires, alors il doit subir en silence.... Effacer les traces de larmes qui salissent leurs joues et les consoler quand leurs corps tremblent encore. Plus jeune, le serpentard en, a souvent voulu à sa mère de ne rien faire, si ce n'est tourner le dos à ces scènes horribles et avec le temps, le jeune homme a compris qu'elle était aussi coincée que lui.

Alors, il avait beau faire bonne figure, se moquer des gens qui passaient dans les couloirs, se conduire avec indifférence, dans le fonds Kylian avaient réellement été brisés. Il se bat contre un combat perpétuel pour essayer de garder sa famille à flot suite à la tyrannie continuelle de l'homme de la famille. À chaque lettre, son cœur se serre, il a peur de ce qu'il va y lire, et en même temps, il espère toujours une bonne nouvelle. Vous pourriez lire sa correspondance, vous ne trouverez rien de particulier, juste des mots bien écrits, bien choisis, d'un ennuie sans précédent sans doute. Ce n'est pas comme si les jumeaux ou sa sœur allaient écrire en toutes lettres qu'ils avaient encore subi le sortilège de Doloris. Non, il fallait savoir. Et aujourd'hui, ce n'était pas de bonne nouvelle... Quand c'était assez calme chez eux, que tout se passait plus ou moins bien, c'est-à-dire sans violence physique du moins, ils parlaient de leur père, donnaient de vagues nouvelles. Quand ce n'était pas le cas en revanche, ils évitaient le sujet. Et le jeune serpent avait beau relire cette fichue lettre, pas une seule fois Cecily ne parlait de leur père. Il c'était donc nécessairement passé quelque chose.

L L'aîné des Avery était tellement plongé dans ses réflexions, persuadé que tout le monde dormait, qu'il n'avait pas entendu la porte du portrait s'ouvrir pour laisser quelqu'un entrer. C'est seulement en sentant quelqu'un s'accrocher à son cou qu'il replia précipitamment la lettre. Kylian avait horreur que l'on lise sa correspondance, c'était une chose privée. Pourtant, il se détendit quand un parfum féminin bien particulier vient lui chatouiller le nez, et que des cheveux aussi blonds que l'or viennent se balader devant ses yeux. Le jeune serpent lève son regard brun vers la vipère derrière lui, avec un sourire en coin. Silver Nott, encore une descendante d'une fière famille de sang-pur pro-mangemorts. Tous les deux ont beaucoup en commun et sont devenus rapidement inséparable. Sisi est la béquille qui permet à Kylian de rester debout, son soutien le plus précieux. Elle est la seule à réussir à lui secouer les plumes et lui donner la force à avancer et de ne pas abandonner quand il est fatigué. Les élèves ont beau dit ce qu'ils veulent, la demi-vélane est un ange tombé du ciel pour lui. Se laissant tomber contre le dossier du canapé, il la suit du regard quand elle détourne le canapé pour se retrouver devant, toujours un sourire sur le visage.

-Je réfléchissait... Mais tu me manques toujours. Ou est-ce que tu étais ?

Kylian s'inquiétait toujours pour la jeune blonde. Tout comme elle savait tout de lui, Kay savait tout de Silver. Il savait son passé aussi mouvementé que lui, qui l'a hanté jour et nuit, sans répit. Et à quel point parfois elle pouvait se laisser emporter par ses souvenirs glaçants. De plus, elle sentait l'alcool. Ce n'était pas insupportable, mais additionné avec son comportement léger, il se doutait qu'elle n'avait pas but qu'un verre. Le vert fronça légèrement les sourcils, en la fixant d'un léger regard désapprobateur. Il aurait préféré qu'ils boivent ensemble plutôt qu'elle se perde dans les méandres alcoolisés avec un quelconque débile. Pourtant, oubliant sa colère, ses yeux se posent de nouveau sur le morceau de parchemin entre ses longs doigts quand elle lui demande ce qui ne va pas. Rien ne va. Il soupire et ferme les paupières l'espace de quelques instants pour profiter du contact aussi léger qu'une plume des doigts de la vipère sur sa joue. Toujours. Silver, il l'a dans la peau, c'est une partie de lui. L'une des meilleures sans doute.

-Cécy m'a envoyé une lettre aujourd'hui...

La sorcière connaissait bien sa petite sœur, elle était déjà venue au manoir Avery, après tous les Nott et sa famille ont toujours été étroitement liés avec toute cette histoire avec le mage noir. Elle sait à quel point son frère aîné peut être protecteur avec elle. Il aime tout autant ses jumeaux, mais dans les familles de sangs purs, les femmes sont plus soumises. On leur trouve un mari et elles se taisent. N'ayant aucun secret pour la demi-Vélane, il lui tend le morceau de parchemin et lève pour aller se planter devant l'immense cheminée ou ronronne un feu ardent. Ses mains s'enfoncent dans les poches de son pantalon alors que son regard se perd parmi les flammes..

-Elle n'en parle pas.... Elle ne le cite pas une seule fois.

Kylian n'avait pas besoin de préciser de qui il parlait ni ce que cela voulait dire. Depuis le temps, Silver savait que quand sa famille ne parlait pas d'Archibald Avery dans leur lettre, c'est qu'il s'était forcément passé quelque chose. Et le serpent aurait beau envoyer des lettres à n'importe quel membre de sa famille, ils éviteront simplement le sujet ou lui dirons que tout va bien. Dans ces moment-là, le vert était tellement frustré qu'il n'avait qu'une seule envie, c'était de faire ses valises, prendre son balai et rentrer chez lui. Après tout, si autrefois Poudlard était un havre de paix pour le jeune Avery, ce n'était plus tellement le cas depuis que la panique régnait dans les couloirs à cause de cette voix morbide, qui s'insinuer dans chaque tête, comme un poisson. Lui-même en avait eu l'expérience et son sang se glace encore quand il y pense.